Aubervilliers : la communauté chinoise s'organise face aux agressions

La recrudescence des crimes à caractère raciste oblige les quelque 4 000 Chinois ou personnes d'origine chinoise que compte la ville à se mobiliser.

Source AFP

Une cérémonie a eu lieu à Aubervilliers, dimanche, en hommage à Zhang Chaolin.
Une cérémonie a eu lieu à Aubervilliers, dimanche, en hommage à Zhang Chaolin. © ALAIN JOCARD

Temps de lecture : 3 min

Messages d'alerte en cas d'agression, escortes autour du métro, manifestations... La communauté chinoise d'Aubervilliers se mobilise après des actes de violence répétés qui ont coûté la vie à l'un de ses membres vendredi.

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Lors d'un rassemblement organisé dimanche en mémoire de Zhang Chaolin, plusieurs personnes présentes ont ainsi témoigné leur ras-le-bol face aux violences racistes : « j'ai été agressé deux fois cette année », « je ne sors plus avec un sac à main », « aujourd'hui c'était lui, demain, ça peut être moi »...

Une hausse du « racisme anti-asiatique »

Zhang Chaolin, couturier de 49 ans et père de deux enfants, est mort le 12 août, après avoir été agressé cinq jours plus tôt en pleine rue par trois hommes qui voulaient voler le sac d'un ami, lui aussi d'origine chinoise. Un drame « prévisible », qui « aurait pu être évité », estime-t-on au parmi les 3 000 à 4 000 personnes originaires de Chine qui vivent dans cette ville de 80 000 habitants.

Ils dénoncent une « situation qui se dégrade », avec des agressions « de plus en plus violentes » motivées par des « préjugés » selon lesquels les Chinois seraient porteurs d'importantes sommes d'argent liquide. « C'est ce même type de préjugé qui avait conduit à la mort d'Ilan Halimi », a regretté la Licra mardi dans un communiqué, pointant un « racisme anti-asiatique » qui « a pris une ampleur inédite dans certains quartiers ».

Des agressions qui se concentrent sur « les petites gens »

À Aubervilliers, les services de police ont recensé sur les sept premiers mois de l'année 105 vols avec violence sur les Chinois ou personnes d'origine chinoise sur un total de 666 vols avec violence dans la commune. L'année dernière, la préfecture en dénombrait 35 sur 466 sur la même période. Sur l'ensemble de la Seine-Saint-Denis, 3,9 % des victimes de vols avec violences sont des membres de la communauté chinoise, selon des chiffres établis sur les sept premiers mois de l'année (2,4 % sur la même période en 2015). « La ville est plus touchée en raison du grand nombre de résidents et de travailleurs ponctuels d'origine chinoise qu'elle comporte », explique-t-on à la préfecture.

Le sentiment d'insécurité s'accompagne d'un changement de nature des agressions, précise Ling Lenzi, conseillère municipale Les Républicains. Auparavant dirigées contre « le secteur des commerçants », elles se concentrent désormais « sur les habitants, les petites gens ». « Depuis qu'une quarantaine de caméras de surveillance ont été installées devant les commerces, accompagnées de plus de patrouilles policières, les agresseurs se sont retournés vers là où il n'y a pas de dispositif », assure-t-elle.

Les associations se mobilisent

Depuis le début de l'année, l'Association de l'amitié chinoise en France se consacre exclusivement à la prise en charge des victimes d'agressions. Quand certains habitants s'organisent pour faire à plusieurs le chemin du métro à leur domicile, l'association a, elle, mis en place des groupes de discussions sur la messagerie instantanée chinoise WeChat. « Si quelqu'un se fait attaquer, il peut poster un appel au secours », explique le président Cao Hua Qin. « Nous nous chargeons de l'amener à l'hôpital et de prévenir la police ou d'organiser un rendez-vous au commissariat pour déposer une plainte », ajoute-t-il.

Dimanche, le comité de soutien à la famille de M. Zhang a réclamé « au moins 10 caméras supplémentaires dans les rues sensibles » et un renfort de policiers. Une demande également formulée par la maire PCF de la ville, Meriem Derkaoui, qui a écrit en ce sens en juillet au ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.

Dénonçant un « crime au ciblage raciste », elle a assuré que le fonctionnement de la police municipale serait « revu » à la rentrée. La préfecture a de son côté annoncé la tenue mercredi d'une réunion de travail « avec les associations qui le souhaitent ». Certaines associations soulignent toutefois que l'insécurité touche toutes les communautés. « La violence, c'est un problème pour tout le quartier », souligne Rui Wang, président de l'Association des Jeunes Chinois de France. Il se félicite d'ailleurs d'avoir vu dans le rassemblement en mémoire de M. Zhang « des militants noirs et arabes venus en solidarité ».

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Commentaires (27)

  • Simple réflexion

    On a laissé en toute inconscience les économies parallèles se développer. On a requalifié une part de la criminalité en délinquance et des actes de délinquance en incivilités. Les services fiscaux ne s'interrogent pas sur des éléments de train de vie manifestement incompatibles avec les revenus déclarés sans doute parce qu'ils ne sont pas imposables. On a répugné à sanctionner les plus pauvres... Sauf sur la route. Des mauvais exemples viennent d'en-haut... Les forces de l'ordre et la justice (et son célèbre mur) tirent à hue et à dia. Les banques et autres cibles des malfrats se sont protégées ce qui a provoqué un déplacement de la criminalité. Notre "Éducation" nationale n'a pas su inculquer le civisme, le sens des responsabilités, l'honnêteté et le sens du travail comme structurant de la société et facteur d'épanouissement humain. La délinquance fait tache d'huile... Maintenant, une personne âgée peut se présenter en urgence à l'accueil d'une clinique et se faire subtiliser son portefeuille. Il sera restitué délesté et tout sera mis en oeuvre pour la dissuader de porter plainte. Efforts inutiles du reste puisque la justice classera l'affaire bien que les circonstances soient limpides. Un exemple parmi d'autres...
    Et on s'étonne de la crise de confiance et de l'exaspération des citoyens ! Mais on vit bien sous les dorures de la République d'où on les invite encore et toujours à se diviser sur des sujets dont ils se passeraient bien. Il est grand temps que nos élites, trop déconnectées des réalités, s'interrogent sur leurs certitudes et qu'elles mettent leur énergie au service de leurs fonctions régaliennes, d'un développement économique au moins parallèle à la courbe démographique (dont elles sont si fières) et à restaurer un enseignement de qualité en s'inspirant du meilleur chez nos partenaires européens.

  • Clairevoix

    Je vous rappelle que mon commentaire était intitulé "On voudrait en savoir plus sur les agresseurs".

    Pour l'instant, je n'ai reçu aucune réponse, ni de la presse, ni des associations spécialisées, ni de vous-même.

    Ce n'est certes pas le racisme que je nie, et j'ai été probablement autant horrifié que vous sur le cas de Ilan Halimi ! Ce que je déplore, c'est que l'on ne nous dise pas QUI SONT LES MALFAITEURS ! Et le silence des "associations" me semble révélateur, et me conduit à penser qu'il ne s'agit pas forcément de Scandinaves, mais probablement des acteurs ordinaires de nos zones de non-droit... Rien de bien spécial ni de bien original... MAIS J'AIMERAIS QU'ON NE NOUS LE CACHE PAS PLUS LONGTEMPS !

    Vous m'avez mieux compris ainsi ?

    Entendons-nous bien : je ne charge personne a priori. C'est LE SILENCE sur les auteurs que je trouve suspect.

    Cordialement,

  • Comtois

    Ce week-end, des "jeunes" ont attaqués un camp de Roms ; peut-être parce qu'ils avaient de l'argent ?