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Syrie

Pourquoi l’Iran autorise l’usage de ses bases à la Russie

Téhéran a permis hier à des bombardiers russes de décoller de son territoire pour frapper les rebelles syriens. Une première depuis 1979 qui peut modifier l’équation politique et militaire au Moyen-Orient.
par Hala Kodmani
publié le 16 août 2016 à 18h28

Frapper les esprits. C'est bien l'objet de l'annonce surprise de Moscou ce mardi : ses bombardiers ont bien décollé d'Iran pour frapper des positions jihadistes en Syrie. Une nouvelle démonstration de force et d'influence de la Russie qui «pourrait modifier l'équation politique et militaire au Moyen-Orient», estime le correspondant du New York Times à Moscou. Largement relayées par les médias russes, les images des bombardiers Tu-22M3 et Su-34 posés sur la base militaire de Hamedan, dans le nord-ouest de l'Iran, ont été exclusivement publiées par un site pro-régime syrien Al-Masdar News.

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Cette propagande autour de l'opération montre que l'objectif va bien au-delà de l'économie de temps et d'argent justifiant ces nouveaux vols. Le décollage de la base iranienne, située à moins de 1 000 km de la frontière syrienne réduit certes de 60 % le temps de vol des appareils par rapport à un départ du sud de la Russie. Mais il s'agit «d'un nouveau pas dans la campagne militaire russe en Syrie», souligne l'analyste Pavel Felgenhauer, cité par l'AFP. L'utilisation de cette base donne en effet un avantage tactique à la Russie. Ses bombardiers lourds peuvent transporter beaucoup plus de bombes s'ils ont un temps de vol court. Une stratégie qui relève du «tapis de bombes», selon l'expert.

Les deux plus fidèles soutiens du régime d’Al-Assad

C'est la première fois que la Russie utilise un pays tiers pour mener des frappes en Syrie depuis le déclenchement de sa campagne militaire il y a près d'un an. Mais c'est aussi et surtout la première fois que l'Iran autorise l'utilisation d'installations militaires sur son territoire par une aviation étrangère depuis la révolution islamique de 1979. «L'Iran ouvre ses installations à la Russie pour combattre le terrorisme», a justifié le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale iranien, Ali Shamkhani, à l'agence d'Etat Irna. «La coopération iranorusse contre le terrorisme en Syrie est stratégique», ajoute le responsable iranien.

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La nouvelle alliance militaire entre Moscou et Téhéran permet aussi aux deux plus fidèles soutiens du régime de Bachar al-Assad d’afficher leur détermination à détenir les clés d’une solution. L’occasion aussi pour la Russie de vouloir montrer son efficacité dans la lutte contre le terrorisme en prenant l’initiative et en choisissant ses bons alliés. Peu avant d’annoncer les bombardements à partir du territoire iranien, le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, a par ailleurs affirmé lundi que Moscou et Washington étaient proches d’un accord sur une coopération militaire à Alep, épicentre du conflit syrien. Une information non confirmée par les Etats-Unis, mais une façon d’indiquer que la Russie entend être le maître du jeu au Moyen-Orient.

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