“Quel droit ai-je d’imposer un code vestimentaire à des tierces personnes ? Aucun. Mais, quand je vois une femme transformée en momie, je ne pense pas à moi. Je pense à elle.” En pleine polémique sur le burkini en France, polémique qui a éclaté après que la mairie de Cannes a banni ladite tenue, le 28 juillet dernier, l’éditorialiste João Pereira Coutinho, du quotidien brésilien de centre droit Folha de São Paulo, affirme être favorable à “l’interdiction des burqas ou du voile intégral dans l’espace public européen”.

Le Brésil, dont le nombre de fidèles musulmans est estimé à moins de 2 millions [soit 1 % de la population], n’a aucune législation concernant le voile intégral, le niqab ou la burqa, au contraire de la France, qui a interdit en 2010 son port dans l’espace public. La presse de ce pays majoritairement catholique ne s’exprime que rarement sur le sujet et s’était montrée plutôt hostile à la décision du gouvernement Fillon. A l’opposé de cet éditorial de Folha de São Paulo.

“S’agit-il d’un choix personnel ? Ou, comme dans la plupart des cas, d’une forme de soumission au pouvoir masculin ?” s’interroge João Pereira Coutinho. Pour ce journaliste et écrivain portugais, l’interdiction du voile intégral et du burkini est “une forme de respect envers les autres : vivre dans une société occidentale signifie partager un minimum de valeurs et de comportements”.

L’exemple des femmes de Manbij

Suivant la ligne éditoriale du quotidien brésilien, l’éditorialiste estime que l’interdiction de la burqa “est aussi une forme de respect envers les femmes”. Il réfute l’argument de “certains croyants” selon lequel il serait “brutal” de l’interdire et de ne pas “respecter les ‘cultures différentes’”.
Quand la ville syrienne de Manbij a été libérée, rappelle le journaliste, après vécu deux ans sous le joug de l’organisation Etat islamique, elle l’a été “avec l’arrivée des troupes américaines”. Pour célébrer ce moment, les citoyennes ont alors “déchiré leurs burqas et fumé des cigarettes”. Et de conclure :

Quand je vois des femmes en burqa dans les rues de Londres, voici mon envie : les inviter à sortir du donjon et leur offrir une cigarette pour célébrer ça.