Les ravages du réchauffement climatique coûtent cher. Et cela ne devrait pas aller en s'arrangeant, si l'on s'en tient aux résultats d'une recherche menée par le Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK). Leur étude de cas porte sur les Etats-Unis, pays qui subit chaque année des vagues de catastrophes naturelles dévastatrices, à l'image de l'incendie de Blue Cut (Californie) qui s'est déclaré mardi et a embrasé 7 200 hectares en moins de vingt-quatre heures. 20 incendies y sont encore en cours, alors que la Louisiane endure dans le même temps des inondations ayant déjà fait au moins 11 morts et noyé 40 000 maisons.
Le PIK s’est particulièrement intéressé aux cas d’ouragans et souligne qu’entre 1980 et 2014, ces phénomènes extrêmes ont entraîné une perte estimée à 400 milliards de dollars aux Etats-Unis. A l’échelle planétaire, les dégâts causés par les cyclones tropicaux, de plus en plus violents, représentent à eux seuls plus de 50% des pertes économiques provoquées par les catastrophes météorologiques.
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«Les pertes vont augmenter plus vite que le PIB»
«Beaucoup d'Américains pensent qu'une croissance économique pourra permettre de compenser ces dommages, et qu'on peut financièrement surpasser le changement climatique au lieu de l'atténuer», remarque Anders Levermann, l'un des chercheurs de l'étude. Une illusion. La preuve : Katrina a coûté plus de 100 milliards de dollars en 2005 et Sandy au moins 70 milliards de dollars en 2012. «Que se passera-t-il si les impacts du réchauffement climatique augmentent plus vite que l'économie ?», s'interroge l'enquête. Autrement dit, sera-t-il possible de faire face financièrement aux dommages liés à ces cyclones récurrents ?
En analysant les données météorologiques des ouragans survenus aux Etats-Unis entre 1963 et 2012 et en tenant compte de leur impact sur le Produit intérieur brut (PIB), de l'évolution des populations exposées à ces catastrophes et de l'augmentation de leurs revenus dans les années à venir, la réponse des chercheurs est sans appel. «Les pertes économiques liées aux ouragans vont augmenter plus vite que le PIB», explique à Reuters le directeur de recherches Tobias Geiger. Elles seraient susceptibles d'être multipliées par trois d'ici à 2100. Selon le PIK, la croissance ne pourrait donc pas compenser l'augmentation de la fréquence et de la force des ouragans.
2015, l'année la plus chaude
L'institut souligne toutefois dans son communiqué de presse que cette situation pourrait être contrée en cas de limitation du réchauffement climatique. Mais cet objectif, représenté par l'accord de la COP 21 qui vise à limiter d'ici 2050 ce réchauffement à +1,5 degré par rapport aux niveaux préindustriels, paraît désormais loin de l'état d'urgence climatique.
Entre autres signaux d'alarmes très préoccupants, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) a confirmé, début août, que 2015 avait été l'année la plus chaude de l'histoire contemporaine, dépassant de 0,1 °C le record de 2014. Un rapport de la Nasa a, lui, révélé le 19 juillet que les six premiers mois de l'année 2016 étaient les plus chauds jamais enregistrés, avec 1,3 degré de plus que la moyenne de la fin du XIXe siècle. Dans ce contexte, l'analyse du PIK vient rappeler que les seules finances, contrairement aux actions des Etats, ne pourront pas renverser la donne.