Des proches de victimes de l'attentat meurtrier qui a frappé Gaziantep en Turquie le 20 août 2016

Des proches de victimes de l'attentat meurtrier qui a frappé Gaziantep en Turquie le 20 août 2016. La ville se situe près de la frontière syrienne.

afp.com/AHMED DEEB

Nouveau drame en Turquie. Un attentat a fait 51 morts lors d'un mariage, samedi à Gaziantep, ville du sud-est de la Turquie, à 60 km de la frontière syrienne. Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière de l'année. Dimanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan a estimé "probable" que l'organisation Etat islamique (EI) soit derrière cette attaque et évoque un kamikaze âgé de 12 à 14 ans. Il a affirmé que ce dernier s'est "soit s'est fait exploser, soit portait des explosifs actionnés à distance".

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Un enfant kamikaze, une première en Turquie

Dans un communiqué publié dimanche matin, le chef de l'Etat turc a indiqué ne faire "aucune différence" entre le prédicateur en exil Fethullah Gülen, qu'il accuse d'avoir ourdi le coup d'Etat raté du 15 juillet, le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le groupe djihadiste EI, "probable auteur de l'attentat de Gaziantep". Les restes d'une veste d'explosifs ont été retrouvés sur les lieux, avait annoncé peu auparavant le parquet, confirmant la thèse d'un attentat-suicide.

Sur la chaîne de télévision CNN-Turk, le gouverneur de la province, Ali Yerlikaya a évoqué "un affreux attentat terroriste", peut-être perpétré par un kamikaze, "lors d'un mariage". L'utilisation d'enfants ou d'adolescents comme terroristes est apparemment une première en Turquie, depuis la vague d'attentats particulièrement meurtriers qui secouent le pays depuis un an et sont imputés aux djihadistes de l'EI ou à la guérilla kurde du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK).

"Beaucoup de Kurdes ont perdu la vie"

Un responsable turc a indiqué que le mariage "se déroulait en plein air" et dans un quartier du centre de Gaziantep à forte concentration kurde, ce qui renforçait les spéculations sur un attentat djihadiste. Le kamikaze se serait mêlé aux invités. De nombreux Kurdes participaient au mariage, où étaient présents un grand nombre de femmes et d'enfants. "Beaucoup de Kurdes ont perdu la vie", a déploré le parti pro-kurde HDP, condamnant l'attentat dans un e-mail.

Recep Tayyip Erdogan a indiqué que 69 personnes étaient toujours hospitalisées, parmi lesquelles 17 dans un état critique. "Un grand nombre des blessés sont des femmes et des enfants", a précisé le ministre de la Santé Recep Akdag. Les mariés, originaire de la région kurde de Siirt qu'ils avaient quittée pour fuir les violences, ont survécu au carnage.

"Ils ont transformé notre mariage en bain de sang", a déclaré à l'agence Anadolu la mariée Besna Akdogan, alternant crises de larmes et d'évanouissement depuis le drame. Légèrement blessée, elle a dû être à nouveau hospitalisée dimanche en raison de son grand état de faiblesse.

De nombreux djihadistes parmi les réfugiés en Turquie

Le chef d'Etat turc a jugé que les auteurs de l'attaque avaient pour objectif de semer la division entre les différents groupes ethniques vivant en Turquie. Beaucoup de djihadistes perçoivent les Kurdes comme des ennemis; en Syrie voisine, les milices kurdes affrontent les membres de l'EI.

Gaziantep est devenue le point de passage de très nombreux réfugiés syriens fuyant la guerre qui dure depuis plus de 5 ans et demi dans leur pays. Mais la zone abriterait en dehors des réfugiés et des militants de l'opposition un nombre significatif de djihadistes. Actuellement, 2,7 millions de réfugiés syriens vivent en Turquie et parmi eux se trouverait un nombre significatif de djihadistes.

Une longue série d'attentats meurtriers

La Turquie est secouée depuis plus d'un an par une série d'attentats très meurtriers attribués à l'EI ou au PKK, notamment à Ankara et à Istanbul, visée fin juin à l'aéroport Atatürk. L'explosion de Gaziantep survient alors que le Premier ministre Binali Yildirim a annoncé en matinée que la Turquie souhaitait jouer un rôle "plus actif" dans la solution de la crise en Syrie afin de "faire cesser le bain de sang".

Ce nouveau drame survient, par ailleurs, après une semaine particulièrement sanglante pour la Turquie. Le sud-est et l'est du pays ont été secoués en milieu de semaine par trois attentats qui ont fait 14 morts et été attribués par Ankara au PKK. La guérilla kurde semble, après une relative trêve à la suite du coup d'Etat manqué du 15 juillet en Turquie, avoir repris une campagne intense d'attentats contre des cibles des forces de sécurité.

Washington veut "combattre la menace commune du terrorisme"

Dimanche soir, Washington a condamné une "attaque odieuse" et réaffirmé, par la voix du porte-parole du département d'Etat Mark Toner, son engagement à "combattre la menace commune du terrorisme" aux côtés de son "allié et partenaire" la Turquie. Le vice-président américain Joe Biden doit y faire mercredi une étape prévue dans le cadre d'une tournée à l'étranger.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a souligné "le besoin d'intensifier les efforts régionaux et internationaux pour combattre le terrorisme et l'extrémisme violent".

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