Chômage : l’indécente euphorie du gouvernement

Le taux de chômage est passé de justesse sous la barre symbolique des 10 %. Mais la précarité augmente.

Àun cheveu, ou plus exactement à 0,1 point, le taux de chômage, avec 9,9 %, est passé au deuxième trimestre sous la barre symbolique des 10 %, selon l’Insee. Une première depuis l’élection de François Hollande en 2012 que n’a pas manqué de saluer, à huit mois des prochaines échéances électorales, le gouvernement, qui a multiplié les réactions euphoriques. À l’image de celle de la ministre du Travail, Myriam El Khomri, qui voit dans cette statistique « le fruit de l’action volontariste du gouvernement ». Un nouveau « ça va mieux » qui pourrait être vite contredit, lors de la prochaine publication de l’Insee.

Des chiffres attribués à une fraction réduite de chômeurs

En attendant, le taux de chômage publié hier par l’institut concerne une fraction bien délimitée des demandeurs d’emploi et ne constitue pas une référence, puisque seules les personnes qui n’ont pas travaillé, ne serait-ce qu’une seule heure, durant la semaine de référence sont prises en compte. À l’inverse, ceux qui ne sont pas disponibles immédiatement ou n’ont pas entrepris de « démarches actives » de recherche d’emploi dans le mois précédent en sont exclus. Ce qui représente la bagatelle de 1,5 million de chômeurs, un nombre en hausse au deuxième trimestre. Si le nombre de CDD tend à diminuer et celui des CDI à progresser, en ­revanche, le nombre de personnes en sous-emploi, c’est-à-dire à temps partiel et qui souhaiteraient travailler davantage, est sensiblement en hausse.

À cela s’ajoutent les autres indicateurs de l’emploi qui, de leur côté, ont marqué le pas entre avril et juin. Après un premier trimestre exceptionnel, le nombre d’inscrits à Pôle emploi n’a que très légèrement baissé au ­deuxième trimestre (- 5 300 en catégorie A), les embauches ont reculé de 2,2 % et les créations d’emplois privés ont ralenti (+ 24 100 postes, après quatre trimestres autour de + 40 000). Et les perspectives à venir ne sont pas plus réjouissantes. La croissance est tombée en panne au deuxième trimestre, et il serait sage de ne pas oublier qu’il existe un décalage d’un ou deux trimestres entre la croissance et son effet sur l’emploi…

Ces éléments devraient normalement tempérer les ardeurs de François ­Hollande et des membres de son gouvernement. Reste que, pour arriver à inverser la courbe du chômage, le chef de l’État a établi un plan, révélé au début de l’été par le Canard enchaîné. Il consiste à orienter 500 000 chômeurs supplémentaires vers des formations professionnelles, qui glisseront ainsi de la catégorie A (sans aucune activité) à la catégorie D (personne sans emploi momentanément indisponible), qui n’est pas comptabilisée dans les chiffres du chômage commentés chaque mois par le gouvernement.


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