Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?
Offrir Le Monde

Prendre (sexuellement) position ? Jamais.

En théorie, le Kama-sutra permet de se donner une idée du champ des possibles (pour peu qu’on appartienne à l’équipe de gymnastique des JO). En pratique, les positions sont aussi aberrantes qu’obsessionnellement répétitives.

Par 

Publié le 21 août 2016 à 07h41, modifié le 21 août 2016 à 17h07

Temps de Lecture 5 min.

Article réservé aux abonnés

Miniature extraite du Kama-sutra, composé par Vatsyayana, entre le IVe et le VIIe siècle après J-C.

LE SEXE SELON MAÏA

A l’heure où vous lisez ces lignes, le site de vente en ligne Amazon propose plus de 11 700 résultats pour la recherche « Kama-sutra » − vous trouverez des versions pour les filles (rappel : en 2016, les femmes restent des filles), pour les célibataires, pour les chats, pour les grenouilles, pour débutants, pour experts, pour gays, pour lesbiennes, des versions illustrées, en cartes à jouer, en DVD, en jeux de plateau, en breton, en chocolat, en huiles parfumées, à colorier, à tricoter, bref le Kama-sutra fait vendre, n’importe comment, n’importe quoi.

L’indéboulonnable succès en librairie du best-seller indien interpelle. Nous n’en lisons pas la version complète : dans l’immense majorité des cas, nous attendons du Kama-sutra un catalogue de positions sexuelles délicieusement exotiques − une sorte d’orientalisme soft, qui nous place plutôt comme spectateurs que comme acteurs, plutôt en sarcastiques qu’en admirateurs. On ricane, sans méchanceté. En théorie le Kama-sutra permet de se donner une idée du champ des possibles (pour peu qu’on appartienne à l’équipe de gymnastique des Jeux olympiques, mais bon, ne nous laissons pas abattre par des détails comme l’existence, chez la plupart d’entre nous, d’une colonne vertébrale). On s’inspire. On laisse traîner, négligemment, sur la table à café du salon, un des rares livres érotiques socialement acceptables (« Oui, j’aime les classiques de l’Extrême-Orient, tu fais quoi, ce soir ? »).

Un catalogue limité

En pratique, les positions sont aussi aberrantes qu’obsessionnellement répétitives. Quelqu’un dont le répertoire sexuel se limiterait au Kama-sutra ferait preuve d’une sexualité incroyablement pauvre : sauf dans le cas d’adaptations spécifiques, la version que nous lisons (et non l’originale) ne connaît que la pénétration du vagin par un pénis.

Cela laissant de côté l’art de la conversation érotique, le sexting, les baisers, les câlins, les morsures, les griffures, les pétrissages, les caresses, les massages, les sex-toys, les pénétrations anales, les pénétrations avec les doigts, les pénétrations avec la langue, les rapports oro-génitaux, les jeux prostatiques, la stimulation des testicules, du clitoris, des seins, de la nuque – bref, n’en jetons plus, le Kama-sutra réduit l’humanité au couple hétérosexuel, l’homme à un pénis, la femme à un vagin, et ça commence à faire beaucoup (ou franchement peu).

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Le Kama-sutra, lointain souvenir du désir

Les limitations de ce catalogue n’empêchent nullement la presse et l’édition de nous ressortir indéfiniment, et estivalement, le même bouillon de légumes sans sel des positions les plus dangereuses, les plus insolites, les plus photogéniques, les plus propices à lire ses e-mails… Alors même que les Français préfèrent les trois versions les plus banales : la levrette, le missionnaire, l’Andromaque (quand la partenaire est au-dessus), auxquelles on rajoutera les fameuses petites cuillères, pour un total emballé-pesé de quatre positions, déclinables certes, mais présentant l’indéniable avantage d’être praticables sans se fouler une vertèbre ou attraper une crampe aux mollets. Le sexe debout, formidable, mais pourquoi se donner autant de mal ?

Il vous reste 55.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.