A Delhi, des cliniques dernier cri pour soigner les pauvres

Une patiente donne son échantillon de sang pour un test dans une clinique de New Delhi, le 13 juillet 2016

© MONEY SHARMA

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Par AFP

Mohan Lal grimace encore de dégoût quand on lui rappelle les consultations régulières pour son asthme dans les hôpitaux vétustes, sales et bondés de New Delhi. L'ouverture dans son quartier d'une clinique gratuite a changé sa vie.

Comme des millions d'habitants de la capitale aux revenus plus que modestes, il s'était fait avec fatalité à l'horreur des hôpitaux publics surchargés, aux heures d'attente dans une chaleur étouffante dans des couloirs infestés de moustiques, aux lits qu'il fallait partager, faute de place...

Une centaine de cliniques gratuites construites

Aujourd'hui, Mohan Lal est le premier à se féliciter de la qualité de la clinique qui a ouvert dans son quartier, de ses salles d'attente climatisées à la propreté remarquable, de ses technologies dernier cri qui ont enfin fait entrer le système de santé de Delhi dans le XXIe siècle.

Le gouvernement de Delhi a construit une centaine de ces cliniques gratuites, essentiellement dans des quartiers pauvres, pour honorer la promesse faite lors des élections de 2015 d'améliorer le système de santé et de soulager les hôpitaux publics.

Le gouvernement a alloué cette année un budget d'environ 790 millions de dollars à ces cliniques. "L'hôpital est loin de chez moi, je devais marcher longtemps pour devoir ensuite patienter pendant des heures dans des couloirs sentant la transpiration", se souvient Mohan Lal.

Une des fiertés de "sa" clinique est un nouvel outil qui permet, à partir d'une seule prise de sang, d'effectuer une cinquantaine de mesures fondamentales, comme le taux de sucre ou le cholestérol.

Tout pour éviter le public

Dans une ville où le diabète, la dengue, l'hépatite et la typhoïde notamment sont très répandus, le petit appareil rectangulaire fournit un diagnostic quasi instantané qui permet une prise en charge médicale rapide.

Les résultats de la plupart des tests sont disponibles en deux minutes et consultables sur les smartphones ou les tablettes de la clinique par les médecins et patients.

"Les technologies de l'information font une vraie différence", explique l'ingénieur indien Kanav Kahol qui a contribué à mettre au point cet outil qui, espère-t-il, équipera aussi les autres cliniques nouvelles de Delhi.

Initialement, l'appareil avait été mis au point pour le système public, où les soins sont gratuits. Mais Kanav Kahol affirme que d'autres pays ont fait part de leur intérêt pour cette machine, qui coûte 1.000 dollars.

"Nous avons été surpris de réaliser qu'ailleurs dans le monde, on cherchait à mettre au point l'appareil qu'on a développé en Inde", explique l'ingénieur de 37 ans.

En 2014, l'Inde n'a dépensé que 1,4% de son PIB dans son système de santé, selon la Banque mondiale, ce qui est moins que l'Afghanistan voisin (2,9%).

Faute d'investissements, les Indiens font tout pour éviter le public s'ils peuvent se le permettre, en se rabattant sur les cliniques privées.

Sauf qu'une consultation chez un médecin libéral peut coûter 1.000 roupies (15 dollars), une somme impensable pour les millions d'Indiens qui vivent avec moins de deux dollars par jour.

'Un bon début'

"J'ai quatre filles et il y en a toujours une qui est malade. Je ne peux pas me permettre un traitement privé", explique ainsi Kamta Devi, une lavandière de 50 ans, dans une clinique du sud de Delhi. "Ici, je ne dois même pas payer le transport car j'habite à côté".

Les médecins travaillant à la clinique sont pleinement conscients de l'extraordinaire progrès qu'elle constitue pour le grand public. Mais ils observent aussi que tout n'est pas encore au point.

"Il arrive que le débit internet soit extrêmement faible et qu'il n'y ait pas d'électricité. Et certains patients demandent des ordonnances écrites à la main car ils n'ont pas l'habitude des ordinateurs et des tablettes", souligne le Dr Alka Choudhary.

Par ailleurs, "les cliniques ne sont pour l'instant pas reliées sur le plan informatique avec les hôpitaux, ce qui fait qu'on ne peut avoir accès au dossier médical d'un patient admis en urgence", ajoute ce médecin.

"Nous n'en sommes qu'aux débuts. Le système n'est pas encore parfait, mais c'est un bon début", confie-t-elle toutefois.

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