Entre ceux qui arrivent du Sud et ceux qui reviennent après s’être fait refouler à la frontière, Milan accueille ces dernières semaines de très nombreux migrants qui espèrent poursuivre leur route vers le nord de l’Europe. Idem à Vintimille, à la frontière française, et à Côme, à deux pas de la Suisse, où un camp informel s’est créé à côté de la gare. Des centaines d’entre eux, indique La Stampa, “ont été transférés (contre leur volonté) vers les hotspots du sud de l’Italie” pour y être enregistrés et “triés”, conformément au plan européen sur les quotas.

Pour comprendre le phénomène, l’hebdomadaire L’Espresso s’est penché sur “l’imposant dispositif mis en place par la Suisse pour ‘protéger’ la sécurité de ses frontières” et livre un reportage exclusif, documenté par des photos. Il y décrit les 2 000 gardes-frontières, l’inspection quasi systématique des 70 trains qui passent quotidiennement par la ville frontalière de Chiasso. Il ajoute :

 
La nuit, en plus des patrouilles, il y a un drone militaire qui survole le territoire et détecte les traces de chaleur émises par des personnes ou des animaux. Dans la neutre Suisse, l’armée a été dépêchée pour surveiller les frontières.”

Le drone, explique le journal, est régulièrement téléguidé selon les indications des gardes sur signalement par des citoyens. Parfois, les personnes signalées s’avèrent illégales, d’autres fois non.

C’est avec le nouvel afflux de migrants, ces dernières semaines, que l’usage de ce drone par les Suisses a suscité de nombreux commentaires dans la presse italienne, relève le Corriere del Ticino. Ce recours remonte pourtant à plusieurs années, précise le quotidien helvétique. “Les habitants de la zone connaissent bien le bourdonnement nocturne produit par l’avion sans pilote qui patrouille à la frontière.” 

Efficacité suisse

A la gare de Chiasso, reprend L’Espresso, un ancien magasin a été transformé en “centre de tri” où l’on relève les empreintes des personnes et leur remet un bracelet de couleur. Aux adultes qui choisissent de demander l’asile, un bracelet jaune. Pour les mineurs, un orange. Quant aux migrants qui ne veulent pas demander l’asile mais poursuivre leur route vers le nord, ils reçoivent un bracelet bleu. Ceux-là seront renvoyés en Italie, où bien souvent ils ne resteront que peu de temps avant de retenter leur chance.

 
Dans l’ancien magasin, tout est bien ordonné. Les agents enfilent des gants, ils ne haussent pas la voix ; les bagages [qui sont fouillés] sont bien empilés, la pièce est hyperpropre. L’efficacité suisse appliquée à l’espérance des migrants.”

Le Corriere del Ticino relève pour sa part que, durant la semaine du 8 au 14 août, le canton du Tessin a connu “une nouvelle semaine record” avec l’arrivée de 1 767 migrants, majoritairement originaires d’Erythrée et d’Ethiopie. Sur la même semaine, 1 184 personnes ont été “réadmises en Italie”.