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Mondial et JO, coup de grâce pour l'économie brésilienne

Il serait injuste de n'attribuer la crise de l'économie brésilienne qu'à l'organisation quasi-simultanée des deux plus grandes manifestations sportives de la planète. Mais nourris de l'expérience de la Grèce en 2004, il nous est donné de constater que, pour des économies fragiles, l'organisation de ces événements est un terrible fardeau.
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Lorsque le Brésil fut désigné pays organisateur de la 20e Coupe du monde de football, le 30 octobre 2007, tous les signaux de l'économie brésilienne étaient au vert : la croissance annuelle oscillait entre 4 et 7 % et le pays semblait inexorablement rejoindre le concert des grandes puissances. Deux ans plus tard, la ville de Rio obtenait l'organisation des Jeux olympiques dans un climat plus tendu : la crise frappait l'économie mondiale et celle du Brésil était à l'arrêt.

Avec une certaine candeur, il était possible d'imaginer que ces deux "méga-événements" sportifs allaient aider le pays à se remettre en selle, dopé par les immenses besoins en constructions d'infrastructures sportives et de transports ainsi que par le formidable flux de spectateurs attendu lors des étés 2014 et 2016.

En 2010, l'économie brésilienne connut un puissant rebond (+ 7.5 %) laissant croire, un temps, que les grands émergents surmonteraient la crise d'un bond de félin. Il était encore possible de croire que dépenser 8 milliards d'euros pour l'organisation de la Coupe du monde et 11 milliards pour celle des Jeux de Rio serait une opération de soutien de la croissance, au cœur du roman féerique des fables keynésiennes. Cinq ans plus tard, alors que les feux des Jeux de Rio ne sont pas encore éteints, la fête est déjà finie. Le Brésil, au cœur d'une récession économique sans précédent est en proie à de sévères troubles politiques et sociaux.

"Nourris de l'expérience de la Grèce en 2004, il nous est donné de constater que pour des économies fragiles, l'organisation de ces événements est un terrible fardeau."

Il serait injuste de n'attribuer la crise de l'économie brésilienne qu'à l'organisation quasi simultanée des deux plus grandes manifestations sportives de la planète. Mais nourris de l'expérience malheureuse de la Grèce et des Jeux d'Athènes en 2004 -redoutable précédent lors duquel les comptes publics avaient déjà été truqués- il nous est donné de constater que, pour des économies fragiles, l'organisation de ces événements est un terrible fardeau.

L'illustration la plus frappante de cette malédiction est l'embarrassante présence des "éléphants blancs", ces infrastructures devenues inutiles que les grandes manifestations sportives laissent en héritage. Les 70 000 sièges du stade Mané Garrincha de Brasilia, rénové pour 520 millions d'euros en vue de la Coupe du monde, peinent à accueillir des séants dans une ville où le meilleur club de football évolue en 4e division. Rentabiliser les 39 000 places des stades de Manaus, de Natal ou de Cuiabá n'est guère plus envisageable...

Si, dans un pays où le football est roi, il est toujours possible d'escompter un avenir pour ces équipements, il est, en revanche, plus difficile d'envisager un futur pour la kyrielle des "arénas" qui accueillent des disciplines économiquement confidentielles lors des Jeux olympiques. Parce qu'elles doivent se tenir simultanément lors d'une quinzaine "orgiaque", les épreuves des foisonnantes disciplines sont gourmandes en infrastructures au destin improbable. A Rio, l'original emboîtement des arénas cariocas 1, 2 et 3, idéal pour la proximité géographique des épreuves pendant les Jeux, est d'ores et déjà un symbole de cette absurde gourmandise.

C'est, a minima, en ce domaine que le CIO doit repenser le modèle des Jeux olympiques. Ce dernier a déjà ouvert la porte en validant le principe de candidatures conjointes; il faut aller plus loin en allongeant la période des Jeux et en déconcertant géographiquement les épreuves.

Pourquoi ne pas envisager, pour 2024, une candidature de l'Union européenne, en répartissant les épreuves sur des sites disposant déjà d'infrastructures adéquates? Finie la magie du village olympique, mais finie aussi la malédiction du vainqueur!

Ce billet de blogue a été initialement publié sur le Huffington Post France.

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