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Rentrée gouvernementale : Hollande plus que jamais au pied du mur

L’exécutif fait sa rentrée ce lundi avec le premier Conseil des ministres. Le geste fiscal vire au casse-tête. Le chef de l’Etat n’a plus que cent jours pour asseoir sa candidature.

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L’exécutif fait sa rentrée ce lundi, avec le premier Conseil des ministres après la trêve estivale.

Par Pierre-Alain Furbury

Publié le 21 août 2016 à 20:56

Cette-fois – et c’est un vieux compagnon de route de François Hollande qui le dit –, « il ne faut pas la louper ». L’exécutif fait sa rentrée ce lundi, avec le premier Conseil des ministres après la trêve estivale. C’est peu dire que le moment est important. Et qu’il est compliqué. Non pas que ce soit la première fois que le chef de l’Etat aborde une rentrée difficile. Cela a été le cas, depuis le début du quinquennat, de tous ses retours de vacances : chute dans les sondages en 2012, « ras-le-bol fiscal » en 2013, crise politique avec l’éviction d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon (suivis par Aurélie Filippetti) en 2014, crise des éleveurs, croissance qui patine et départ de François Rebsamen du ministère du Travail en 2015…

La différence, c’est que cette rentrée-là est véritablement décisive. C’est la dernière avant la présidentielle. Et François Hollande n’a plus qu’une centaine de jours pour asseoir son éventuelle candidature. Il doit annoncer sa décision à la mi-décembre.

« Extrêmement fragilisé »

Le locataire de l’Elysée a d’abord devant lui un sujet à très hauts risques : le terrorisme, après les attentats, en juillet, de Nice et de Saint-Etienne-du-Rouvray, revendiqués par l’Etat islamique. Que se passerait-il en cas de nouvelles attaques ? Et il est toujours sous pression sur le plan économique. Le chef de l’Etat espère avoir tourné la page de la loi travail, même si les syndicats opposés au texte, la CGT en tête, ont lancé un appel à la mobilisation pour le 15 septembre. Mais les prochains chiffres du chômage seront déterminants, puisqu’il a depuis longtemps lié son avenir politique à cette bataille. La baisse du chômage ne suffit pas pour espérer l’emporter mais elle est indispensable. Pas certain que ses propos sur l’inversion ratée de la courbe du chômage en 2013 ravissent les Français. « Je n’ai pas eu de bol ! » a-t-il confié à des journalistes, dans un livre sorti la semaine dernière(1). La droite s’est engouffrée dans la brèche. « Tout est dit. La politique au gré du hasard », a raillé Bruno Retailleau, le chef de file des sénateurs LR.

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Toujours sur le front économique, le président va aussi devoir rendre ses derniers arbitrages budgétaires. En particulier la baisse des impôts, promesse mise à mal par l’atonie de la croissance au deuxième trimestre. Pour l’heure, rien n’est tranché mais il s’est de toute manière trop engagé pour pouvoir y renoncer. « Il a toujours assorti l’annonce de précautions mais les gens n’entendent toujours que l’annonce », relève un fidèle.

Si la rentrée est délicate pour François Hollande, c’est en effet surtout sur le plan politique. Le chef de l’Etat est au pied du mur. Et a peu de cartes en main. Il reste au plus bas dans les sondages. Et, déjà, les candidatures pour 2017 se multiplient à gauche. Trois de ses anciens ministres (Benoît Hamon, Arnaud Montebourg et Cécile Duflot) sont sortis du bois. Emmanuel Macron le fragilise aussi, tant il entretient le flou sur ses intentions. Le ministre de l’Economie a encore fait grincer des dents au PS en s’affichant avec Philippe de Villiers et en rappelant qu’il n’est « pas socialiste ». « Alors qu’il aurait pu espérer que la primaire à droite le serve, au sens où il pouvait apparaître rassembleur, l’éclatement à gauche apparaît de plus en plus lisible », s’inquiète un membre du gouvernement, qui le juge « extrêmement fragilisé » après une « annus horribilis ». La déchéance de nationalité et la loi travail ont plombé ses efforts pour apparaître, face à la droite, en protecteur du modèle social. « Pour gagner, il faut qu’il ait des électeurs. Là, ils ont quitté la crèche », s’inquiète un élu. « Il y a un fil qui s’est rompu. Il n’est pas phasé avec le peuple », regrette un autre. « Il faut qu’il se passe quelque chose. S’il est à 16 % en décembre, il ne peut pas y aller », lâche un conseiller, qui « ne voit pas le moindre ressort. »

Si l’on en croit son entourage, le chef de l’Etat entend se montrer au travail, « à côté des citoyens et non des politiques », et jouer l’apaisement pour mieux faire contraste avec les candidats de tout bord. Mais cela peut-il suffire ? « Il faut qu’il prenne des risques », prévient un hollandais, glissant : « Mais il faut qu’il prenne les bons… »

Pierre-Alain Furbury

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