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Au Mexique, les ravages de la culture de l’avocat

Chez le premier producteur mondial, la ruée sur l’« or vert » provoque une déforestation massive, et profite au crime organisé.

Par  (Mexico, correspondance)

Publié le 22 août 2016 à 06h39, modifié le 22 août 2016 à 14h44

Temps de Lecture 4 min.

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Production d’avocats à Uruapan, dans l’Etat du Michoacan, en avril.

Le monument en forme d’avocat géant trône à l’entrée de Tancitaro, dans l’ouest du Mexique. La sculpture symbolise l’importance de ce fruit pour les habitants de cette petite ville de l’Etat du Michoacan, devenue la capitale mondiale de l’avocat. Le boom de la consommation des Américains, mais aussi des Européens, Français en tête, fait flamber les prix du fruit, rebaptisé l’« or vert » du Mexique. Une ruée qui provoque une déforestation massive et profite au crime organisé.

Vu du ciel, des pans entiers de forêt sont zébrés de champs d’avocatiers sur les flancs des montagnes boisées du Michoacan. La région concentre les quatre cinquièmes de la production nationale d’avocats. Cette terre volcanique au climat tempéré sied au fruit, dans un pays qui en est le premier producteur mondial, avec près du tiers de la récolte. En trente ans, les plantations sont passées de 31 000 à 118 000 hectares, selon le ministère de l’agriculture. En 2015, la production a atteint 1,6 million de tonnes, en hausse de 6,6 % en un an.

« Les agriculteurs plantent clandestinement des avocatiers au milieu des pins », explique Victor Manuel Coria, le directeur de l’Institut national de recherches forestières

Face cachée de ce succès économique : la destruction des forêts de pins, dont certains endémiques. « Les agriculteurs plantent clandestinement des avocatiers au milieu des pins », explique Victor Manuel Coria, le directeur de l’Institut national de recherches forestières, rattaché au ministère de l’agriculture. « C’est un travail de fourmi, sur plusieurs années. Petit à petit, ils coupent les branches, puis les troncs desséchés. »

La faune est aussi menacée : coyotes, pumas et autres oiseaux rares habitent la forêt, qui accueille aussi des millions de papillons monarques lors de leur grande migration annuelle. Sans parler du problème de l’eau, consommée en masse par les avocatiers, qui affecte le niveau des rivières, ou de celui des pesticides, qui contaminent les nappes phréatiques.

« Testicule » en langue indienne

« Pas question de diaboliser pour autant le fruit, qui a des vertus diététiques exceptionnelles et fait vivre des milliers de familles », souligne M. Coria. Le Mexique est le centre d’origine de l’avocat, cultivé bien avant l’arrivée des conquistadors, au début du XVIe siècle. En espagnol, le nom du fruit, « aguacate », est le dérivé d’« ahuacatl », qui signifie « testicule » en langue indienne nahuatl. A cause de sa forme suggestive, le fruit était considéré par les peuples pré-hispaniques comme un aphrodisiaque. Mais sa production à grande échelle ne débute dans le Michoacan qu’à partir des années 1960, avec l’introduction de nouvelles variétés. M. Coria le constate :

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