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Lundi 22 août, les familles Roms expulsées de leurs habitations de la Boissière ont passé un 26ème jour à la rue. Après une nuit relativement calme dans le petit square où elles s'étaient réfugiées, terrorisées par la violente agression dont elles avaient été victimes sur la place Jean-Jaurès la nuit précédente, les trente-neuf personnes dont dix-neuf enfants ont été délogées du square dès le matin. La police a reçu l'ordre de les faire disparaître de l'espace public, en les chassant et pourchassant depuis plus de trois semaines, alors qu'elles n'ont aucune solution d'hébergement. À chaque fois, il leur faut plier les tentes, ramasser les affaires pour ne pas que la voirie les jette à la benne, et s'en aller par les rues, dans l'errance, sans destination.
Chassées du square, chassées de la place devant la mairie, ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'elles ont obtenu de pouvoir retourner au square pour y dormir. La précarité dans laquelle vit ces familles est extrême : d'heure en heure les ordres et contrordres se succèdent, elles ne savent jamais ce qu'il adviendra d'elles l'instant suivant. Les enfants sont ballottés d'un coin de trottoir à un autre, parmi eux il y a des nourrissons.
Effacés de l'espace public, effacés des murs : les familles Roms de la Boissière doivent disparaître sans laisser de trace. Sur décision de la Mairie, la fresque élaborée sur un mur du théâtre par Damien Roudeau, à partir des dessins que l'artiste a réalisé depuis qu'il travaille avec les Roms, a été détruite au Karscher. Puis ce sont les peintures effectuées par plusieurs dessinateurs mobilisés qui ont été recouvertes d'une couche blanche. Lundi soir, au cours d'un rassemblement de soutien qui a réuni une cinquantaine de personnes indignées de la situation des familles et de l'inaction de la Mairie et des pouvoirs publics, les artistes ont réalisé une nouvelle fresque. Combien de temps vivra cette œuvre avant d'être saccagée par les services municipaux ? Le maire, Patrice Bessac, ne supporte pas qu'on lui rappelle que dix-neuf petits montreuillois auront passé leurs vacances d'été à errer dans les rues de la ville, pourchassés par la police.
L'expulsion sans relogement des familles Roms de la Boissière et la précarité dans laquelle elles vivent, à la rue depuis le 28 juillet, ne choquent pas uniquement les habitants de Montreuil. Des personnalités du cinéma et de la culture, des intellectuels, des personnalités du monde associatif, se mobilisent aussi pour dénoncer cette situation d'extrême urgence. Initiée par le cinéaste Christophe Ruggia, réalisateur du Gone du Chaâba, une pétition de soutien rassemble 167 signatures, parmi lesquelles ont trouve les noms de Josiane Balasko, Costa-Gavras, Tony Gatlif, Agnès Jaoui, Robert Guédiguian, Jeanne Balibar, Annie Ernaux. Merci à eux, pour leur engagement et leur vigilance. Si Patrice Bessac pensait faire disparaître les familles Roms de la Boissière en toute discrétion, c'est raté.
TEXTE DE LA PETITION ET PREMIERS SIGNATAIRES

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