La grogne des retraités chiliens

Manifestation à Valparaiso le 21 août ©Getty - Marcelo Benitez/Latincontent/Getty Images
Manifestation à Valparaiso le 21 août ©Getty - Marcelo Benitez/Latincontent/Getty Images
Manifestation à Valparaiso le 21 août ©Getty - Marcelo Benitez/Latincontent/Getty Images
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Ce dimanche plus d'un million de Chiliens sont descendus manifester contre le système de retraite inégalitaire hérité de Pinochet.

Les AFP doivent disparaître parce que c’est une honte ! Elles se font du profit avec nos économies et nous donnent une retraite misérable. Moi, après 35 ans de cotisation, j’obtiendrai une retraite de 230 euros. Dérisoire !

Nous sommes à Santiago du Chili et vous venez d’entendre Luis Bustamante, un Chilien de 59 ans qui manifestent contre les AFP, ces administratrices de fonds de pensions qui gèrent les systèmes de retraite dans le pays. Ce système et ces AFP héritée de la dictature d’Augusto Pinochet sont de plus en plus critiqués car comme Luis Bustamante, ce sont des millions de Chiliens qui après avoir travaillé toute leur vie ne touche qu’une retraite amputée, et spoliée par ces AFP. Un reportage de Claire Martin au Chili.

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Le système de retraite chilien repose sur les fonds de pension. Les travailleurs sont obligés de verser plus de 11 % de leur salaire aux administratrices de fonds de pension, AFP. Si ces entreprises privées promettaient des retraites confortables, la réalité est toute autre. Fabiola Sanchez a 40 ans, elle marche avec ses trois enfants.

Une fois à la retraite, nous ne recevons pas même le tiers de ce que nous gagnons durant la vie active. Impossible de vivre avec ça ! Si ce système ne change pas, ce sont eux, mes enfants, qui devront m’entretenir. Et ce n’est pas comme ça que j’envisage mon futur. L’idée, c’est que si j’ai travaillé toute ma vie, je puisse subvenir à mes besoins jusqu’à ma mort.

Plus de 90 % des retraités reçoivent moins de la moitié du salaire minimum, fixé à 345 euros, déjà bas au regard du coût de la vie. Berta Machuca a 72 ans, une tumeur au cerveau l’empêche, elle, de continuer à travailler. Avec 120 euros par mois, elle ne peut pas même remplir la casserole vide sur laquelle elle tape.

Je vais sur les marchés et les gens me donnent quelques légumes par-ci par là. C’est la honte, après avoir travaillé toute ma vie…

La faute à qui ? Aux travailleurs qui économisent trop peu, qui travaillent trop peu, martèlent les AFP. Des entreprises qui se font pourtant des profits gigantesques grâce à ce trop peu. Juan Garcia a 24 ans.

C’est du vol, c’est une arnaque. Les AFP se font des bénéfices énormes et les retraités n’en voient pas la couleur. Ce qu’on s’appelle « le miracle économique chilien » est basé sur les retraites de tous les travailleurs chiliens.

Les fonds de pension des Chiliens sont une manne pour les grands groupes économiques chiliens, des groupes détenus par une élite proche des partis politiques. Pour faire tomber ce système, les Chiliens n’ont confiance qu’en la rue.

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