Gordon Parks, Malcolm X at Rally, Chicago, Illinios, 1963. Gelatin silver print. 10 x 8 inches. Courtesy of the Gordon Parks Foundation
Cinq décennies se sont écoulées depuis la Marche pour la liberté à Washington , où Martin Luther King Jr. a parlé de son rêve. Depuis, de nombreux artistes se sont emparés de la question des conditions de vie des Afro-Américains pour montrer, chacun à sa manière, combien, depuis les années 60, les États-Unis se voilent globalement la face sur la réalité des problématiques raciales. Une exposition à la galerie James Barron Art, à Kent, dans le Connecticut, confronte le travail de Gordon Parks à celui de trois photographes afro-américaines, Carrie Mae Weens, Mickalene Thomas et Latoya Ruby Frazier.« Fifty Years After: Gordon Parks, Carrie Mae Weems, Mickalene Thomas, LaToya Ruby Frazier » s’ouvre avec le portrait en noir et blanc de Malcom X pris Parks en 1963, où le leader du Mouvement des droits civiques sort de la pénombre pour s’adresser au peuple. « American Gothic » de Parks s’inspire quant à lui de la peinture de 1930 de Grant Wood, un portrait d’un fermier et de sa femme devant une maison gothique américaine. Sur la version de Parks, on voit seulement une femme noire, tenant un balai et une serpillière devant un drapeau des États-Unis. Wood avait dit avoir peint des fermiers blancs car ils pensaient que c’étaient ce type de personnes qui devaient vivre dans ce type de maison. Parks semble, lui, suggérer que le type de personne qu’il a photographié doit pouvoir se déplacer librement aux États-Unis — on ne peut s’empêcher de penser maintenant à la phrase de Michelle Obama, « je me réveille chaque matin dans une maison construite par des esclaves ». L’image de Parks renvoie également au fameux discours du président Lincoln — « Une maison divisée ne peut tenir » — où il prêchait pour des États-Unis débarrassés de problèmes raciaux.La pratique photographique de Carrie Mae Weems, Mickalene Thomas et Latoya Ruby Frazier a, chacune à sa façon, suivi les pas de Parks, en documentant la vie afro-américaines dans les décennies qui sont suivi le Mouvement des droits civiques. On trouve en particulier dans l’exposition un regard sur la relation de ces femmes à leurs familles et communautés. Un portfolio de tirages au platine de Weens, Kitchen Table Series, montre une famille afro-américaine tout au cours de sa vie. Les portraits d’amies et de muses familiales de Thomas leur font face. La série The Notion of Family de Frazier touche la communauté afro-américaine de son enfant, en Pennsylvanie. Les 12 lithographies figurent une communauté en bloc contre la fermeture de leur hôpital.Les photographies présentées dans cette exposition offrent différentes visions de l’impact du Mouvement des droits civiques sur la vie des Afro-américains. Un vent de liberté semble ainsi souffler dans le célèbre cliché de « Madame Mama Bush » de Thomas — une photo de femme noire allongée sur un sofa comme une Olympia moderne. Elles s’attaches toutes aux stéréotypes, aux droits environnementaux, des femmes ou des questions autour de la valeur de la vie des Noirs — des problématiques malheureusement toujours d’actualité comme le témoigne le mouvement contemporain Black Lives Matter.« Fifty Years After: Gordon Parks, Carrie Mae Weems, Mickalene Thomas, LaToya Ruby Frazier » est à voir à la galerie James Barron Art, à Kent aux États-Unis, jusqu’au 16 octobre 2016. Cliquez ici pour plus d’infos.
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