Christophe Lemaitre : « Le bronze à Rio, ma plus belle émotion »

ATHLÉTISME. Le champion tricolore sera l’une des stars du Meeting de Paris ce samedi.

Paris, hier. Christophe Lemaitre semble désormais serein après des années difficiles : « J’ai 26 ans et j’ai de belles années devant moi », confie celui qui a décroché le bronze sur 200 m à Rio et espère remporter encore quelques médailles.
Paris, hier. Christophe Lemaitre semble désormais serein après des années difficiles : « J’ai 26 ans et j’ai de belles années devant moi », confie celui qui a décroché le bronze sur 200 m à Rio et espère remporter encore quelques médailles. (LP/Olivier Arandel.)

    Ce samedi,   Christophe Lemaitre s'alignera sur 100 m au Meeting de Paris. Nous l'avons rencontré, hier après-midi, dans un hôtel parisien proche de la tour Eiffel. Toujours aimable malgré un gros rhume, l'Aixois revient sur sa médaille de bronze décrochée à Rio.

    Comment allez-vous, une semaine après avoir décroché cette médaille ?

    CHRISTOPHE LEMAITRE. Je suis très fatigué et très heureux, et satisfait de ce que j'ai réalisé. Ça représente tellement pour moi. C'est le résultat de quatre années de travail intense et parfois difficile. Ça vient récompenser tous mes efforts.

    Qu'avez-vous ressenti en retrouvant Aix-les-Bains ?

    J'en avais besoin. Me ressourcer auprès de ma famille, de mes amis, c'était essentiel. J'avais hâte de les retrouver après presque trois semaines loin d'eux. Et puis, l'accueil du public, venu nombreux, m'a beaucoup touché. Je ne m'y attendais pas. C'est la première fois qu'il y avait cette foule à la gare.

    Racontez-nous cette course fantastique, qui s'est jouée à rien...

    Tout s'est décidé dans les derniers instants, au « cassé », lorsque je jette mes épaules vers l'avant. C'était très serré, j'ai lutté jusqu'à la fin. Je n'étais plus tellement lucide, et j'ai cassé un peu trop tôt. Mais, finalement, c'est sûrement ce qui m'a apporté la médaille. C'est peut-être le plus beau geste de ma carrière.

    Dans votre palmarès déjà bien fourni, où situez-vous cette médaille de bronze ?

    Elle a une saveur particulière. C'est la plus belle de toute. Ma plus belle émotion, aussi. Plus que mes titres européens ou mes médailles mondiales. Après des dernières années difficiles, en demi-teinte, ça décuple ma joie d'avoir pu la gagner.

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    Comment avez-vous vécu cette période compliquée ?

    Avec beaucoup de déception. Après 2011 et 2012, j'ai travaillé extrêmement dur. Plus dur, même, que les années précédentes où j'avais réussi. Et, finalement, mes chronos n'étaient pas bons, je n'ai pas gagné de titre européen, ni atteint de finale mondiale. Malgré tout ce travail, cet investissement, ces souffrances, c'était très frustrant.

    Comment l'expliquez-vous ?

    Je travaillais trop. Mes jambes étaient si lourdes que j'avais l'impression d'avoir fait une session de musculation avant chaque course. J'ai tellement travaillé le foncier que, finalement, je ne faisais plus de sprint. Et ça m'a coûté cher. Mais mes échecs ne m'ont jamais hanté. Ils m'ont servi pour construire les saisons suivantes. Récemment, on a décidé de revenir aux bases, et j'ai surtout repris beaucoup de plaisir. A Rio, par exemple, je me suis amusé. Chaque course était géniale, j'ai profité de chaque instant. Et ça a plutôt bien marché.

    Cette réussite va-t-elle vous servir pour la suite ?

    J'espère que ce sera un déclic. Un nouveau départ. J'aimerais surfer sur cette bonne dynamique pendant un moment pour décrocher de nouvelles médailles à l'avenir. Je n'ai que 26 ans, j'ai encore de belles années devant moi. Les choses vont être plus simples à partir d'aujourd'hui. Je pourrai envisager l'avenir sous de meilleurs auspices.

    Justement, quels sont vos nouveaux objectifs aujourd'hui ?

    Je pense surtout à terminer cette saison, avant de prendre un mois de vacances. J'ai déjà en tête Tokyo 2020, mais avant il y aura beaucoup d'échéances, avec notamment les Mondiaux de Londres l'an prochain.

    Cela passe déjà par le Meeting de Paris aujourd'hui...

    Je suis assez malade depuis mon retour ici. Je tousse, j'ai le nez qui coule et je dors mal. Ce ne sont pas des conditions idéales pour aborder un meeting. Je vais faire de mon mieux, mais ce ne sera pas facile.

    Quel sentiment vous anime au moment de retrouver le public français ?

    C'est la principale raison pour laquelle je suis présent à Paris. Pour retrouver le public qui s'est levé à 3 heures du matin pour m'encourager à Rio, pour lui rendre hommage et le remercier. C'est important d'être là.

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