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RDC: deux femmes lynchées et brûlées vives par une foule en colère 

La police du Congo tentant de contenir une manifestation à Beni le 17 août 2016. Trois personnes sont mortes lors de ces heurts dus à la colère de la population après l'"inaction" des autorités

La police du Congo tentant de contenir une manifestation à Beni le 17 août 2016. Trois personnes sont mortes lors de ces heurts dus à la colère de la population après l'"inaction" des autorités - Charly Kasereka - AFPTV - AFP

Deux femmes accusées de vouloir créer l'insécurité ont été publiquement lynchées et brûlées vives, mercredi 24 août dans l'est de la République démocratique du Congo, par une foule en proie à la paranoïa.

Deux femmes supposément Hutu ont été traînées hors d'un minibus, lynchées et brûlées vives par une foule dans la ville de Butembo à l'est de la République démocratique du Congo, a déclaré le maire de la ville à l'agence Reuters. Plus d'une semaine après le massacre de Beni qui a tué environ 50 personnes, les deux victimes étaient soupçonnées d'être venues créer l'insécurité. 

Les deux femmes ne parlaient pas la langue locale 

Deux véhicules transportant des touristes se sont arrêtés à l'entrée de la ville de Butembo, à une cinquantaine de kilomètres de Beni, lorsque des membres d’un groupe d'auto-défense les ont stoppé afin de contrôler leurs identités. Les deux femmes ne maîtrisant pas les langues de la région, le swahili et le nande, elles ont été soupçonnées d'être des Hutues rwandaises. La situation dégénère alors rapidement et les deux femmes sont lynchées, puis brûlées sans que la police n'ait le temps d'intervenir.

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La population, qui se dit insatisfaite de la capacité des autorités à les protéger d'éventuels massacres, est en proie à la psychose depuis quelques semaines et tend à se rendre justice elle-même.  La paranoïa autour de la rumeur selon laquelle des Hutus rwandais soutiendraient des rebelles ADF Nalu pourrait expliquer cette escalade de violences, selon RFI. La station de radio rappelle que les récents mouvements migratoires de Hutus vers Bunia alimentent également les interrogations.

La police a été contrainte de tirer en l'air à travers Butembo pour disperser la foule et calmer la colère des habitants qui accusent les forces de l’ordre de ne pas faire assez pour les protéger, selon l'agence Reuters. Un couvre-feu a été mis en place à Beni et à Butembo pour les quinze prochains jours. Le maire de Butembo, Ikuli Uvasaka Makala, a condamné la mort des deux femmes et appellé la population a ne pas se rendre justice elle-même.

J.B