La réunification de Chypre se concrétise

Cyprus_fleg_greece_CREDITJames-Crisp_Flickr [[JamesCrisp_Flickr]]

Un site internet chypriote a mis en ligne un projet de réunification de l’île, divisée depuis 1974.

Selon le journal Politis, les discussions en cours pour trouver une solution au problème chypriote ont bien avancé. Politis a révélé que l’atmosphère des discussions s’est transformée durant ces dernières semaines. Le sentiment d’impasse semble s’être dissipé.

Les désaccords sur les chapitres concernant le gouvernement, l’économie et l’Union européenne sont nettement moins nombreux. Quelques détails doivent encore être revus, certains probablement conservés pour les négociations de dernière minute.

>> Lire : Chypre sera-t-elle réunifiée en 2016 ?

Deux problématiques majeures restent à négocier : la question de la propriété, qui semble dépendre des garanties et de la sécurité, et dans une moindre mesure, le financement de cette réunification.

La question de la propriété tourne autour des possessions des Chypriotes grecs, acquises par les Chypriotes turcs, et inversement. Or, les préoccupations autour des garanties concernent le rôle de pays plus important, comme la Turquie, si l’indépendance, l’intégrité territoriale ou la sécurité de Chypre sont en jeu. La Turquie a rappelé le traité de garantie de 1960 signé entre la République de Chypre, la Grèce, la Turquie et le Royaume-Uni, pour justifier l’invasion de l’île après un coup d’État chypriote, commandité par la junte militaire en Grèce.

Le président chypriote, Nikos Anastasiades, a souligné qu’il n’accepterait aucune garantie, et que les citoyens chypriotes grecs ne voteraient pour aucune solution en comportant. Politis a d’ailleurs mis en évidence que, du côté grec, se manifeste un optimisme mesuré sur la possibilité de trouver un accord commun, dans la mesure où aucune pression de la part de puissances étrangères se fait sentir.

L’autre aspect déterminant pour la conclusion de l’accord sera l’aspect financier. Les Chypriotes turcs semblent penser qu’il sera facile de rassembler l’argent nécessaire pour les dédommagements. Les Chypriotes grecs, quant à eux, pensent à l’instar du FMI qu’il faut réduire au maximum les coûts, dans la mesure où l’argent ne sera pas disponible facilement et que les investisseurs ne viendront que si la solution adoptée réduit les risques. Ainsi, les efforts se concentrent sur les propriétés, mais aussi au niveau du gouvernement fédéral, pour limiter les démarches bureaucratiques et éviter l’inefficacité.

Selon Politis, tout se jouera d’ici le 14 septembre. Les autorités espéraient trouver une solution à cette problématique lors de la première réunion ou au moins s’accorder sur le fait qu’elle découle de la question territoriale. Trois réunions ont été planifiées en août (les 23, 29 et 31) et quatre en septembre (les 2, 6, 8 et 16) pour examiner les différents chapitres de l’accord en détails. Si tout se passe bien, une réunion aura lieu entre Nikos Anastasiades, le dirigeant chypriote turc, Mustafa Akıncıi, et le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, à New York pour échanger sur la possibilité d’organiser cet automne une conférence sur les enjeux internationaux du problème chypriote.

Le journal souligne que le putsch à Ankara laisse planer une certaine incertitude sur les intentions de la Turquie. Il a, cependant, renforcé la position des Chypriotes grecs, qui exigent l’abolition des garanties. De l’autre côté, les Chypriotes turcs n’ont jamais été aussi anxieux à l’idée de se détacher des conflits internes turcs.

Le président, Nikos Anastasiades, s’est montré satisfait des accords passés jusqu’à présent, qu’il considère comme une amélioration du plan Annan. Il se réjouit particulièrement des quatre libertés, sur lesquelles ils sont tombés d’accord : la population pourra jouir de ses propres propriétés, habiter, travailler et voyager librement sur toute l’île. Il se félicite également de la décision de l’ajout de l’article 4.1 de l’accord selon lequel pour chaque Turc obtenant la nationalité chypriote quatre Grecs doivent l’obtenir également. Les proportions pour la population ont été fixées à 78,5 % de Chypriotes grecs, contre 21,5 % de Chypriotes Turcs, soit 809 300 contre 220 000 sur l’ensemble de la population.

Malgré des efforts répétés sous les auspices de l’ONU pour ramener les dirigeants des communautés grecque et turque chypriotes à la table des négociations, l’île est séparée en deux depuis 1974.

L’espoir d’une réunification a pris forme en 2002 lorsque le secrétaire général de l’ONU de l’époque, Kofi Annan, a présenté un plan de réunification, proposant une fédération à deux entités régie par une présidence tournante.

Lors d’un référendum en avril 2004, les Chypriotes grecs ont rejeté un plan d’unité parrainé par l’ONU. Les Chypriotes turcs s’étaient quant à eux exprimés en faveur de ce plan. L’échec de ce plan a déçu les fonctionnaires européens, qui avaient accepté de voir Chypre rejoindre l’UE cette année-là dans l’espoir d’encourager une résolution du conflit. En mai 2004, la République de Chypre contrôlée par les Chypriotes grecs est devenue membre de l’UE.

Lors d’un sommet en décembre 2004, les dirigeants de l’UE ont accepté d’entamer les négociations d’adhésion avec la Turquie le 3 octobre 2005. L’une des conditions spécifiées était qu’Ankara élargisse un accord d’association de 1963 conclu avec le prédécesseur de l’UE, la Communauté économique européenne, aux dix nouveaux États membres de l’Union. Ce groupe de nouveaux États membres comprend l’État chypriote grec qui n’est pas reconnu par la Turquie.

En juillet 2005, la Turquie a signé un protocole élargissant son union douanière à ces dix membres de l’UE, mais Ankara a dans le même temps publié une déclaration affirmant que cette signature ne signifiait pas qu’elle reconnaissait la République de Chypre. La Turquie a également refusé d’ouvrir ses ports et aéroports à Chypre, dans la mesure où elle affirme

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