« Facebook est l’endroit où tout se passe. » Ainsi se conclut une longue enquête publiée, dimanche 28 août, par le magazine du New York Times. Cette affirmation reflète bien l’état d’esprit des éditeurs de contenus, et notamment des médias, en cette rentrée.
La place acquise par le réseau social dominant dans l’accès à l’information ne cesse d’impressionner. En juin, l’institut Reuters d’étude du journalisme de l’université d’Oxford (Royaume-Uni) établissait à 44 % la part des internautes qui s’informent par Facebook – une proportion qui est confirmée par plusieurs autres études.
Cette progression du réseau américain – il compte 1,7 milliard d’utilisateurs dans le monde – engendre une tension croissante sur la visibilité que ses algorithmes accordent aux contenus publiés par les sites d’information.
Changements apportés aux algorithmes
A la mi-août, une étude de l’entreprise d’analyse SimilarWeb affirmait ainsi qu’au deuxième trimestre de cette année le trafic en provenance de Facebook sur plusieurs sites de grands médias américains avait chuté dans des proportions allant de 25 % à 50 %.
L’étude avait ses faiblesses, notamment celle de ne pas prendre en compte les données des sites mobiles. Elle a néanmoins eu pour effet de raviver les craintes déclenchées par de récents changements apportés par le réseau social à ses algorithmes.
Fin juin, l’entreprise fondée par Mark Zuckerberg avait ainsi annoncé installer de nouvelles règles mettant davantage en avant les contenus postés par la famille et les amis proches – au détriment de ceux publiés par les sites d’information ou des personnalités, par exemple. Plus récemment, elle a indiqué qu’elle allait réduire la présence des contenus « attrape-clics » (clickbait en anglais) dans les fils d’actualité des utilisateurs.
Ces changements à répétition rendent les grandes entreprises d’information nerveuses. Elles le sont d’autant plus que la campagne électorale américaine en cours révèle une réalité cruelle : la perte d’influence relative des grands médias sur Facebook face aux pages partisanes. Comme l’a documenté l’enquête du New York Times Magazine, l’audience cumulée des pages partisanes, spécialement créées et éditées pour Facebook, atteint les dizaines de millions et rivalise avec celle des institutions médiatiques les plus puissantes, comme CNN ou le New York Times.
Machine à cash
Souvent très tranchés et dénués de complexité, les contenus partisans se prêtent davantage à la mécanique des « like » et des partages. Ils ont donc mécaniquement tendance à gagner davantage de visibilité par rapport à des contenus plus pondérés.
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