Publicité

Cinq raisons à l’origine de la crise des éleveurs laitiers

Le marché du lait est dans la tourmente depuis 2014. Tour d’horizon des événements qui ont fragilisé la filière.

Par Stanislas du Guerny

Publié le 28 août 2016 à 18:16

La fin des quotas change la donne

Le 1er avril 2014, qui a sonné le jour de la fin des quotas laitiers partout en Europe, a encouragé producteurs et laiteries libérés du carcan bruxellois à augmenter leurs volumes. Si la France est restée sage et n’a quasiment pas fait varier sa production annuelle de 25,4 milliards de litres de lait, cela n’a pas été le cas aux Pays-Bas, où les volumes ont augmenté de 6,4 % en 2015. En Irlande, la hausse a été de 13 %. Effet immédiat, les tarifs ont baissé partout en Europe. En France, le prix des 1.000 litres est passé de 365 euros en 2014 à 305 euros en 2015 et une moyenne de 275 euros actuellement. Or, d’après les chiffres de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), le seuil de rentabilité d’un élevage laitier est autour de 350 euros les 1.000 litres. En Allemagne, les prix payés aux producteurs sont de 15 à 20 % inférieurs à ceux pratiqués dans l’Hexagone.

Réduction des importations chinoises

Le cabinet Agritel, expert en stratégies des marchés agricoles, suit de près l’évolution chinoise. Il explique qu’après avoir importé massivement des tonnes de lait pour pallier les scandales du lait frelaté – présence de mélamine – la Chine a réduit de 48 % ses achats en poudre de lait en 2015, compte tenu de la baisse de la consommation chinoise liée au ralentissement économique du pays. « Une légère reprise des achats chinois est en cours en Nouvelle-Zélande, mais elle n’a pas encore d’effet sur les cours mondiaux », indique Pierre Begoc, du cabinet Agritel.

Publicité

Les 63.600 élevages laitiers, concentrés à plus de 43 % dans le grand ouest de la France, sont en quasi-totalité des structures familiales. La taille des exploitations – moyenne de 58 vaches par ferme – est modeste,par rapport à celles de certaines régions de l’est de l’Allemagne, qui élèvent en moyenne 183 vaches par ferme. De plus, les producteurs français ont encore très peu intégré les possibilités de revenus complémentaires issus par exemple de la méthanisation. « Outre-Rhin, précise Gilles Petitjean, directeur régional de l’Ademe en Bretagne, 8.000 installations de biomasse sont en fonctionnement et permettent aux exploitants de générer des recettes supplémentaires liées à la vente d’énergie. En France, seulement 200 installations sont opérationnelles ».

Prolongation de L’embargo russe

Depuis le 7 août 2014, les produits alimentaires européens ne peuvent plus se vendre en Russie. Cette décision, prise par les autorités du Kremlin en réponse aux sanctions économiques de Bruxelles liées à l’annexion de la Crimée, n’en finit pas de perturber les activités des acteurs européens de la filière. « Ce sont 250.000 tonnes de fromages et 40.000 tonnes de beurre qui ne peuvent plus être expédiées en Russie et qui viennent gonfler les stocks européens », précise Pierre Begoc. Mais les Russes ne se privent pas complètement de fromages et autres produits laitiers, ils s’approvisionnent en Biélorussie et commencent à générer des flux avec l’Inde.

Consolidation industrielle

Les éleveurs sont regroupés dans des OP – organisations de producteurs. Il en existe un peu plus d’une cinquantaine réparties sur le territoire, qui se chargent de négocier les tarifs pour leurs adhérents dans le cadre de contrats signés avec les laiteries. La consolidation de la filière industrielle qui se poursuit, laisse peu de marges de manœuvre aux OP, dont le nombre des interlocuteurs ne cesse de se réduire. Agrial a récemment repris son confrère Eurial pour constituer un ensemble laitier fort de 22 usines et de 2,7 milliards de litres de lait collectés par an. Lactalis vient d’ajouter à son panel de marques celle des camemberts AOP de la société Graindorge. La Coopérative Laitière de Haute Normandie s’est rapprochée du géant Sodiaal. Plusieurs coopératives, dont Terrena et Even, ont regroupé leurs produits laitiers dans Laïta.

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité