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Nucléaire

Vers un monde sans armes nucléaires?

Depuis 2009, les Nations unies ont fait du 29 août la Journée internationale contre les essais nucléaires. Cinquante-et-un ans après le premier essai, les stigmates de tests atomiques sont toujours présents dans plusieurs endroits de la planète et le monde d’aujourd’hui reste terrorisé par l’idée que des armes d'une telle puissance puissent encore être utilisées au XXIe siècle.

Essai nucléaire français à Mururoa en Polynésie, en 1971.
Essai nucléaire français à Mururoa en Polynésie, en 1971. AFP PHOTO
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« En cette Journée internationale contre les essais nucléaires, j'invite le monde entier à faire preuve en la matière d'un sentiment de solidarité qui soit à la mesure de la nécessité urgente de sortir de l'impasse dans laquelle nous nous trouvons ». Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a une nouvelle fois tiré la sonnette d’alarme le 24 août dernier en marge du 29 août.

Ce que souhaitent les Nations unies ? Que tous œuvrent pour que le Traité d’interdiction complète des armes nucléaires (TICEN, TICE en anglais) entre en vigueur « le plus rapidement possible, afin que nous puissions progresser vers un monde exempt de telles armes ».

Un traité qui peine à être ratifié

Après de longues années d’âpres négociations, le TICEN a été ouvert à la signature en 1996. Le texte interdit tout essai nucléaire ou tout autre type d'explosion nucléaire, que ce soit à des fins pacifiques ou militaires, au sol, dans l’atmosphère, sous l’eau et sous terre et cela partout dans le monde. Autre objectif du texte : bloquer le développement des armes nucléaires.

Sauf que le traité n’est pas entré en vigueur et ne pourra l’être que lorsque les 44 Etats qui y sont mentionnés l’auront ratifié. Ces Etats sont ceux qui possédaient des capacités de technologie nucléaire au moment des négociations finales il y a 20 ans.

Parmi les récalcitrants, les Etats-Unis, l’Iran, Israël, la Chine et l’Egypte ont signé le TICEN, mais ne l’ont pas ratifié. Quant à l’Inde, au Pakistan et à la Corée du Nord, ils ne l’ont ni signé ni ratifié. « Il ne faut pas que les Etats dont la ratification est nécessaire à l'entrée en vigueur du Traité attendent que d'autres se décident, a noté le secrétaire général de l’ONU. Une seule ratification peut suffire à enclencher le processus. Tous les Etats qui ne l'ont pas encore fait devraient signer et ratifier le Traité, tant il est vrai que chaque ratification renforcera le principe d'universalité qui y est attaché et braquera plus encore les feux des projecteurs sur ceux qui restent passifs. » Car pour Ban Ki-moon, l'interdiction de tous les essais nucléaires mettra fin à un héritage empoisonné qui a commencé à se répandre en 1945.

Les essais nucléaires, une arme de suprématie

Pour anticiper la rumeur selon laquelle des régimes fascistes en Europe préparaient un programme nucléaire, Américains et Britanniques se lancent en 1942 dans le projet Manhattan. Le 16 juillet 1945, Trinity, le premier essai nucléaire, entre en œuvre : 20 kilotonnes de TNT explosent dans le désert du Nouveau-Mexique, retentissant à plus de 160 kilomètres alentour. Le nuage en champignon s'élève jusqu'à 12 100 mètres d’altitude. Le sable fond et se transforme en un verre radioactif et verdâtre. L’arme de la terreur est née.

Plus de 2 000 essais nucléaires suivront, aux quatre coins de la planète, allant de l’Amérique du Nord à l'Asie Centrale en passant par l’Afrique du Nord et le Pacifique Sud. Au palmarès du nombre d’essais figurent les Etats-Unis (plus de 1 000), l'Union soviétique (plus de 700), la France (plus de 200) et la Chine (45). Si le Royaume-Uni, l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord ( pour qui le dernier essai date de 2009) ont confirmé avoir eux aussi procédé à des essais nucléaires, Israël et l’Afrique du Sud n’ont jamais avoué officiellement en avoir effectués mais sont suspectés d’avoir testé l’arme nucléaire.

Des retombées sanitaires d’une ampleur sans précédent

A l’origine, posséder des armes nucléaires symbolisait donc la puissance scientifique ou militaire. Mais les Etats qui ont effectué des essais nucléaires pour « se faire une place » parmi les grandes nations savaient-ils les conséquences sanitaires qu’ils provoqueraient sur les populations vivant près des sites utilisés ? En tout cas, les retombées radioactives se font toujours ressentir puisqu’elles ont provoqué des contaminations de masse.

Et la France n’est pas en reste. Les quelque 200 essais réalisés dans le Sahara algérien et en Polynésie sont équivalents à environ mille fois la bombe d’Hiroshima (*). En Polynésie française, Paris a mené plus de 190 essais entre 1966 et 1996. Aujourd’hui, les associations de lutte contre le nucléaire estiment que 500 kg de plutonium sont toujours emprisonnés dans les puits d’essais.

A côté du désastre environnemental provoqué (fonds sous-marins dévastés, sols contaminés, etc.), des milliers de personnes ont été irradiées. Aujourd’hui, selon l’Observatoire des armements, les malformations congénitales et les infirmités se poursuivent en Polynésie. Il en va de même en Australie, aux Îles Marshall, au Nevada, au Kazakhstan (plus de 1,5 million de victimes de radiations), en Nouvelle-Zemble dans l'Arctique, au Xing-Kiang. Par ailleurs, des zones infectées n’ont à ce jour pas été expertisées en Inde, au Pakistan, en Corée du Nord et dans l’ex-URSS.

Partie du site de Semipalatinsk, ici en juin 2009.
Partie du site de Semipalatinsk, ici en juin 2009. STANISLAV FILIPPOV / AFP

Une date symbolique

En 2009, l’ONU adopte à l’unanimité la résolution 64/35 faisant du 29 août la Journée internationale contre les essais nucléaires. Cette date n’est pas un hasard puisque le 29 août 1991 consacre la fermeture du polygone d’essais nucléaires de Semipalatinsk, épicentre de plus de 450 essais. L’origine du projet vient ainsi du Kazakhstan, ancienne république membre de l’URSS qui désirait commémorer l’extinction du site où une bombe d'une puissance de 22 kilotonnes a explosé il y a tout juste 67 ans. Sur ce site, jusqu'en 1989, 456 essais ont été effectués. De 1943 à 1963 la somme des charges atomiques dépassent 2 500 fois celle de la bombe d'Hiroshima.

Cinquante et un ans après le premier essai nucléaire, la sécurité mondiale n’est toujours pas assurée, elle est en suspens. Aujourd’hui, avec le recul, nul Etat n’ignore que les essais nucléaires ont des conséquences tragiques. Parce que « les armes nucléaires ne nous apportent rien d’autre que l’équilibre de la terreur, et la terreur, même en équilibre, c’est encore de la terreur », selon les termes du Prix Nobel de médecine George Wald (1967). Une phrase plus que jamais d’actualité près d’un demi-siècle plus tard.

(*) Les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki sont considérées comme des tirs nucléaires et ne sont donc pas comptées au rang des essais nucléaires.

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