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Libération
La course à la Maison Blanche

Clinton / Trump, un duel puant

Elections américaines de 2016dossier
Républicains, démocrates ou indépendants, les électeurs américains sont unanimes : la campagne présidentielle empeste.
par Frédéric Autran, Correspondant à New York
publié le 29 août 2016 à 7h21

Peter Hart est un expert renommé en matière d'études d'opinions. Il y a quelques jours, ce vétéran américain des sondages, qui collabore régulièrement avec le Wall Street Journal et la chaîne NBC, a réuni dans le Wisconsin un panel de douze électeurs : quatre pro-Clinton, quatre pro-Trump et quatre indécis. Au milieu de questions plus politiques, Peter Hart a demandé aux participants de nommer l'odeur qui, selon eux, décrit le mieux la campagne présidentielle américaine. Leurs réponses : ordures, moufette, œufs pourris, fumier et poisson mort. Aucun participant n'a mentionné d'odeur agréable, signe du dégoût unanime généré par l'âpre bataille entre Hillary Clinton et Donald Trump.

Les candidats, mais aussi les médias, ont contribué à cultiver chez les électeurs «le sentiment que cette campagne est une course vers le bas et qu'elle pue», estime Peter Hart. «A ce stade, il n'y a plus de limites, ajoute-t-il. Les candidats s'enfoncent de plus en plus bas pour obtenir la couverture médiatique dont ils ont besoin. Et les électeurs disent qu'ils n'en peuvent plus». Visiblement, le ras-le-bol des Américains importe peu, puisque Trump et Clinton ont plongé un peu plus dans la boue, ces derniers jours, en s'accusant mutuellement de racisme.

Le manque d’enthousiasme pour la course à la Maison Blanche se retrouve aussi dans l’impopularité des deux candidats. Selon le dernier baromètre du Huffington Post, plus de 60% des Américains ont une opinion négative de Donald Trump. Hillary Clinton fait à peine mieux : avec 55% d’opinions défavorables, elle est la seconde candidate la plus impopulaire de l’histoire américaine.

Toujours confortablement en tête dans les sondages (aussi bien au niveau national que dans la plupart des états décisifs), Hillary Clinton ne semble toutefois pas en mesure de combler son déficit de confiance. Invités à évaluer l'honnêteté de l'ancienne secrétaire d'Etat sur une échelle de un à dix, la moitié des panélistes réunis par Peter Hart ont attribué la note minimale et aucun ne lui a donné au-dessus de six. Hillary Clinton a de quoi se consoler : sur le critère de la «compétence», la quasi-totalité des participants lui a donné une note proche de dix. «C'est une femme intelligente. Elle a l'expérience nécessaire, mais vous ne pouvez pas lui faire confiance», résume l'une des participantes, Beth Gramling, une démocrate indécise qui a voté deux fois pour Barack Obama et deux fois pour George W. Bush.

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