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L'industrie française cherche encore le chemin de la reprise

¤ Les prévisions d'investissements et le taux de marge des sociétés atteignent des niveaux élevés, mais la situation internationale inquiète. ¤ L'activité s'améliore dans l'automobile ou la défense, tandis que l'agroalimentaire ou la sidérurgie restent sous pression.

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Par Emmanuel Grasland

Publié le 30 août 2016 à 01:01

Jean-Luc Petihuguenin est un patron heureux. Le 1er septembre, son groupe va mettre en service la plus grosse usine de tri de déchets ménagers de l'Hexagone. Un investissement de 22 millions d'euros réalisé au Rheu (Ile-et-Vilaine), après que Paprec a remporté un appel d'offres de Rennes Métropole. Le patron du groupe de recyclage est-il une exception dans un paysage encore morose en cette rentrée, ou bien l'hirondelle qui annonce le printemps ? En matière d'investissements, l'Hexagone enregistre certes des signaux positifs. Après un coup d'arrêt au deuxième trimestre, le secteur manufacturier anticipe une augmentation des investissements de 6 % en 2017, contre +7 % en avril. En soi, ce léger recul est déjà une bonne nouvelle. D'ordinaire, ce type d'enquête se traduit par des prévisions d'investissements très élevées en début d'exercice (+7 % en avril 2015), puis par une chute continue à mesure que l'année avance (+2 % réalisés en 2015). « Une prévision de +6 % correspond à ce qu'on voyait dans les années 2005-2007 », note Mathieu Plane de l'OFCE.

Une hausse des investissements est attendue de longue date par les économistes, tant l'industrie a bénéficié depuis deux ans d'un contexte porteur avec la faiblesse de l'euro et des taux d'intérêt, le CICE et la baisse des prix du baril. Pour autant, malgré cet alignement des planètes, force est de constater que la dynamique reste poussive. Comme si les industriels n'arrivaient jamais à passer la vitesse supérieure.

Si la production industrielle avait progressé de 2 % l'an dernier, selon l'Insee, elle a reculé de 0,8 % en juin, pénalisée par les grèves contre la loi travail et les blocages de raffineries, après une baisse de 0,5 % en mai. « L'industrie française continue à sortir la tête de l'eau, mais de façon très progressive », résume David Cousquer, du cabinet d'études Trendéo. Du coup, l'activité reste inférieure de près de 10 % à son niveau d'avant la crise de 2008.

Situations hétéroclites

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En revanche, les marges se sont largement améliorées. Début 2016, le secteur manufacturier affichait un taux de 35,9 %, soit un niveau similaire à celui de 2000. Mieux, ce sont les secteurs les plus exportateurs qui affichent les meilleures marges. Ce qui est rassurant pour l'avenir, car cela laisse la possibilité de mener une guerre des prix.

Pour Vincent Charlet, le directeur du think tank La Fabrique de l'industrie, les entreprises sont au confluent de deux tendances. « La situation s'améliore lentement au niveau hexagonal, mais la météo s'assombrit à l'international avec le Brexit, le ralentissement de la Chine et des politiques budgétaires européennes bien loin d'être coordonnées. » « Le devenir de la Turquie, une grosse base de sous-traitance, inquiète aussi », ajoute Olivier Sclabre, senior partner au BCG.

Secteur par secteur, la situation s'avère hétéroclite. Avec les contrats à l'export pour des Rafales et des sous-marins nucléaires, l'armement enchaîne les succès. Une bénédiction pour Thales, MBDA, DCNS et surtout Dassault, qui trouve ainsi le moyen de compenser des ventes de jets d'affaires en recul.

Dans l'auto, l'activité s'améliore grâce à des immatriculations attendues en hausse de 5 % en 2016. Fort des accords de compétitivité signés en 2013, Renault a sensiblement accru sa production en France l'an passé (+24 %), tandis que PSA stabilisait la sienne (+2,5 %). Si les usines hexagonales assemblent bien moins de véhicules qu'avant la crise de 2008, le marché revient à son rythme de croisière de l'époque avec 2 millions de véhicules par an. L'agroalimentaire connaît, lui, des difficultés, avec une activité en baisse de 3 % sur un an au deuxième trimestre. La sidérurgie est sous pression du fait de l'afflux d'acier chinois, tandis que le luxe doit encaisser en même temps les effets du ralentissement chinois et des attentats en France. Au total, le solde des emplois industriels recensés par Trendéo s'avère néanmoins positif pour la première fois depuis 2011. Et ce même dans l'automobile.

Emmanuel Grasland

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