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Magnanville : Larossi Abballa, histoire d’une haine « anti-police »

« Le Monde » a pu reconstituer le parcours de l’homme qui a assassiné un policier et sa compagne à coups de couteau à leur domicile, le 13 juin.

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Publié le 30 août 2016 à 06h35, modifié le 30 août 2016 à 15h36

Temps de Lecture 13 min.

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C’est l’histoire d’une haine tenace. Une haine de la police tellement exacerbée qu’elle en a laissé un souvenir troublé aux deux agents qui ont pu l’observer de près, par hasard, ce 8 juin au soir, peu de temps après le début du ramadan. Cette gêne aurait pu n’être que celle d’un de ces désagréables contrôles de routine dans les cités dures des Mureaux. Mais le sourire moqueur de Larossi Abballa, cette nuit-là, seulement cinq jours avant qu’il ne passe à l’acte, sa jambe ostensiblement laissée dans l’entrebâillement de la portière de sa voiture, comme prêt à bondir ; la vitre du véhicule qu’il n’a même pas pris la peine de baisser ; son « au revoir » trop poli… tous ces détails sont revenus en mémoire, après coup, aux deux policiers, comme autant de signes annonciateurs.

Car honnir les « flics », les détester jusqu’à les poursuivre à leur domicile après le travail pour les tuer à coups de couteau, c’est ce qu’a fini par faire Larossi Abballa, le 13 juin, à Magnanville (Yvelines), avec le blanc-seing de l’organisation Etat islamique (EI). Sur les dix coups qu’a reçus Jean-Baptiste Salvaing, 42 ans, commandant adjoint au commissariat des Mureaux, policier modèle, père investi, un lui a directement transpercé le cœur. Après ou avant – l’enquête n’est pas formelle – qu’il ne tente de se défendre à mains nues, en pleine rue, Jessica Schneider, sa compagne, 36 ans, agent administratif au commissariat de Mantes-la-Jolie, a été égorgée au milieu du salon, au rez-de-chaussée de leur maison. Leur petit garçon de 3 ans et demi, lui, a été retrouvé prostré à l’étage, sur la mezzanine, après plus de cinq heures de séquestration, sans que l’on sache exactement ce qu’il a vu ou entendu.

On ne naît pas « anti-flic », on le devient. C’est ce que racontent, en creux, les méandres du parcours de Larossi Abballa, que Le Monde a pu reconstituer. Avant d’acquérir sa carrure de pilier de salle de fitness, avant d’afficher collier de barbe et nez cassé, avant de s’improviser djihadiste au détour d’une impasse pavillonnaire, Larossi Abballa a longtemps été un de ces gamins chétifs, à vif, coursés dans les allées des cités. Vingt-cinq ans de glissement inexorable, dans une des villes ghettos les plus dures d’Ile-de-France. Vingt-cinq ans de dérives dans une commune dont, pourtant, l’Agence nationale de rénovation urbaine avait fait l’un de ses chantiers prioritaires. Ici comme nulle part ailleurs, on avait investi, cassé, relogé, repeint…

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