Mostra de Venise 2016 : 73 ans, et toujours aussi séduisante

Andreï Kontchalovsky, Terrence Malick ou encore Stéphane Brizé… Si le plus vieux festival du film international compte sur la présence de pointures, cette 73e édition trouve un nouveau souffle avec des cinéastes moins connus. Top départ ce mercredi 31 août.

Par Jacques Morice

Publié le 31 août 2016 à 08h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h58

Première bonne nouvelle du Lido : le fameux « trou », consécutif à l'immense chantier masqué par une enceinte haute de palissades, qui dénaturait sévèrement, face au Casino, le site du plus vieux festival de cinéma international, n'est plus. On l'a bien enterré ou plutôt rebouché. On aime y voir le signe que la Mostra s'est faite peau neuve pour s'offrir dans sa 73e année (!) une seconde jeunesse. Sa Sérénissime n'a jamais cessé de séduire (sa douceur surannée reste un enchantement imbattable), mais il est vrai que la montée en puissance du festival de Toronto (quasi concomitant) ajoutée à la suprématie cannoise l'ont rendue fragile.

Pas sûr qu'on se souvienne tous que le Lion d'or ait été décerné l'an dernier aux Amants de Caracas... Il n'empêche : la compétition, entre autre, reste un enjeu très fort. Si l'existence modeste côté industrie d'un « marché du film » (cette année baptisé Venice Production Bridge, surtout axé sur la production) continue de desservir un peu le festival de Venise, au moins réserve-t-elle toujours dans sa programmation une certaine tenue, un goût marqué, stimulant notre curiosité cinéphile. Après le départ en 2011 de Marco Müller, réputé pour son exigence critique, Alberto Barbera, son successeur, a connu des débuts délicats mais a su finalement gagner en légitimité. Son mandat de directeur artistique a du reste été renouvelé jusqu'en 2020.

Du monde entier

Cette 73e édition, qui a pour président du jury, Sam Mendes, propose une compétition couvant les quatre coins du globe (Philippines, Russie, Argentine, Pays-Bas...), avec quelques grands noms certes, mais aussi pas mal de cinéastes moins connus. Fait notoire : il y aura trois films italiens, à vue de nez porteurs d'un nouveau souffle, ce qui nous changera des vieux académiciens de la pelloche auxquels on avait droit hier, la Mostra ayant été longtemps, paradoxalement, le dernier endroit où voir du bon cinéma italien.

Au programme donc, Wim Wenders présentera Les Beaux Jours d'Aranjuez (avec Reda Kateb), l'adaptation d'un texte de Peter Handke, écrivain et ancien collaborateur avec lequel il renoue. Il y aura Andreï Kontchalovsky et son Paradis, qui raconte les destins croisés de trois personnes durant la Seconde Guerre mondiale ; Emir Kusturica (On the Milky Road, avec Monica Bellucci) et Terrence Malick (Voyage of time, documentaire sur la création de l'univers !). Denis Villeneuve sera aussi là avec Premier Contact, film de science-fiction avec Amy Adams dont la bande-annonce est très prometteuse. Autre rendez-vous engageant, en ouverture : La La Land, la comédie musicale de Damien Chazelle (Whiplash), servie par son casting scintillant, Ryan Gosling et Emma Stone. 

Côté français

Deux films sont en compétition : Frantz de François Ozon, fresque intimiste en noir et blanc au lendemain de la guerre 14-18, qui sera en salles dès la semaine prochaine, et Une vie de Stéphane Brizé. Après sa description de l'oppression économique comtemporaine, l'auteur de La Loi du marché s'est lui aussi ressourcé dans le passé, en adaptant le roman de Guy de Maupassant. Ailleurs, hors-compétition, seront également proposés A jamais de Benoît Jacquot (avec Mathieu Amalric) et Planetarium de Rebecca Zlotowski. Et dans la section Orizzonti, Réparer les vivants de Katell Quillévéré, adaptation attendue du roman formidable de Maylis de Kerangal.

En supplément exotique

A noter enfin, possible signe des temps d'une mutation de la Mostra : la présentation en séance spéciale de deux épisodes d'une série TV, précédée d'une rumeur favorable, de Paolo Sorrentino, The Young Pope, sur les dessous du Vatican, avec Jude Law en Pie XIII, pape imaginaire mais ressemblant, on l'imagine, à d'autres, bien réels.

Mostra de Venise 2016 : du 31 août au 10 septembre. 

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