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Au Gabon, la victoire d’Ali Bongo déclenche de violentes manifestations

La commission électorale a désigné le chef de l’Etat sortant vainqueur de la présidentielle avec 49,80 % des voix, contre 48,23 % à Jean Ping.

Le Monde avec AFP

Publié le 31 août 2016 à 17h21, modifié le 01 septembre 2016 à 09h35

Temps de Lecture 4 min.

Lors d’une manifestation à Libreville, après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo, le 31 août.

Après quatre jours d’une longue attente, le ministre de l’intérieur gabonais a annoncé, mercredi 31 août, que le président sortant, Ali Bongo Ondimba, avait remporté l’élection présidentielle. Selon des résultats officiels provisoires, M. Bongo a obtenu 49,80 % des voix contre 48,23 % à son adversaire, Jean Ping, lors de l’unique tour du scrutin.

L’opposition a aussitôt rejeté les résultats et réclamé un nouveau décompte dans la province du Haut-Ogooué, où a été signalé un taux de participation frisant les 100 %, a expliqué l’entourage de Jean Ping. « Les Gabonais n’accepteront pas ces chiffres », a ajouté un porte-parole du candidat.

« Jean Ping réaffirme vigoureusement, en accord avec l’Union européenne et les Etats-Unis, que le recomptage bureau par bureau devient le seul moyen de garantir désormais la loyauté du scrutin », ont indiqué son chargé de communication au Gabon, Jean-Gaspard Ntoutoume Ayi, et son avocat à Paris, Me Eric Moutet.

Troubles à Libreville

Selon l’envoyé spécial du Monde à Libreville, plusieurs foyers de tension se sont déclarés en ville. « Des manifestations ont été dispersées à coups de gaz lacrymogènes, de grenades assourdissantes et de jets d’eau, a constaté Christophe Châtelot. Il y a eu des blessés. Près du rond-point de la Démocratie, des groupes de jeunes ont aussi tenté de barrer les rues. Des hélicoptères patrouillent dans le ciel. » Les forces de l’ordre ont aussi repoussé des manifestants, criant « Ali doit partir », qui tentaient de s’approcher du siège de la commission électorale (Cénap).

Dans la soirée, l’Assemblée nationale a été partiellement incendiée par des manifestants, selon plusieurs témoins. Un panache de fumée rouge et noir se dégageait dans la nuit au-dessus du palais Léon-Mba, selon des journalistes de l’AFP.

La ville restait sous très haute tension : check-points, grands axes coupés sur le front de mer, véhicules blindés aux carrefours, commerces fermés depuis mardi midi, grande majorité des habitants cloîtrés chez eux. Des colonnes de fumée s’échappaient de plusieurs quartiers populaires. L’ambassade de France a appelé ses ressortissants à éviter tout déplacement jusqu’à nouvel ordre.

Au même moment, le président réélu s’est félicité de cette élection « exemplaire », estimant qu’elle s’était passée « dans la paix et la transparence ».

Des policiers patrouillent dans les rues de Libreville, le 31 août.

Opposant attaqué

Jean Ping a pour sa part affirmé à l’AFP que son quartier général à Libreville avait été pris d’assaut par les forces de sécurité dans la nuit. « Ils ont attaqué vers 1 heure. C’est la garde républicaine. Ils ont bombardé par hélicoptères puis ils ont attaqué au sol. Il y a 19 blessés dont certains très graves », a déclaré M. Ping par téléphone. Jeudi matin, il a déploré la mort de deux personnes, tandis que plusieurs ont été blessées a-t-il affirmé.

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La garde républicaine a chargé le bâtiment abritant le QG de campagne de M. Ping à la recherche de « criminels » responsable de l’incendie du siège de l’Assemblée nationale, avait auparavant indiqué le porte-parole du gouvernement. M. Ping a démenti ces accusations affirmant qu’il n’y avait « aucune arme au QG » et demandé une aide internationale. Auparavant, M. Ping avait évoqué la mort de trois personnes dans les manifestations consécutives à la proclamation des résultats.

Paris demande la publication des résultats

Après cette annonce contestée, la France a demandé la publication des résultats de tous les bureaux de vote du Gabon. Selon le ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault :

« Les conditions de l’annonce des résultats de l’élection présidentielle au Gabon sont une source de préoccupation. La France réitère son souci de transparence. Nous estimons nécessaire que les résultats de tous les bureaux de vote soient publiés. »

Le chef de la diplomatie française a également appelé, jeudi matin, à l’arrêt « au plus vite » des affrontements, exprimant sa « plus vive préoccupation » quant aux tensions consécutives à l’annonce des résultats.  « Dans le cadre d’un processus électoral, il n’y a aucune place pour la violence », a-t-il ajouté. « J’appelle en conséquence toutes les parties à la plus grande retenue, afin d’éviter de nouvelles victimes. »

Avant même la proclamation de ces résultats, la responsable de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, avait appelé, mercredi, la commission électorale à publier « des résultats par bureau de vote », et non au niveau des neuf provinces ou au niveau national. Une requête rejetée par le président de la Cénap, qui a invoqué la loi gabonaise. L’UE a également demandé aux protagonistes de maintenir le calme dans le pays.

Au lendemain de cette élection, les deux principaux candidats, Ali Bongo Ondimba, 57 ans, qui briguait un nouveau septennat, et Jean Ping, 73 ans, ancien président de la Commission de l’Union africaine et ancien ministre des affaires étrangères, avaient déclaré l’un et l’autre, dimanche 28 août, qu’ils avaient remporté haut la main le scrutin.

« Refléter la volonté du peuple »

Washington a également exprimé sa vive inquiétude. « Les élections doivent refléter de manière crédible la volonté du peuple », a souligné le porte-parole du département d’Etat, John Kirby, appelant les forces de sécurité à respecter les droits des citoyens et les manifestants à garder le calme.

« Nous appelons le gouvernement gabonais à publier les résultats de chaque bureau de vote », a-t-il ajouté. « Cela aidera le peuple du Gabon, de même que la communauté internationale, à avoir confiance dans le fait que le décompte des votes annoncé est bien juste », a encore noté M. Kirby. Quiconque veut contester les résultats doit le faire de manière pacifique et en respectant le système légal gabonais. »

Le Monde avec AFP

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