Gabon : violents affrontements après la réélection contestée de Bongo

LIBREVILLE (GABON), MERCREDI. Un panache de fumée s'échappe de l'Assemblée nationale.
LIBREVILLE (GABON), MERCREDI. Un panache de fumée s'échappe de l'Assemblée nationale. (AFP/MARCO LONGARI.)

    L'Assemblée nationale gabonaise était la proie des flammes mercredi soir. Alors qu'Ali Bongo Ondimba, fils de l'ex-président Omar Bongo, a été officiellement désigné vainqueur de l'élection présidentielle dans l'après-midi, des affrontements entre forces de l'ordre et manifestants ont aussitôt éclaté dans la capitale, Libreville et se poursuivaient durant la nuit.

    Une marée humaine en colère et déterminée criait : «Ali doit partir». Des tensions qui étaient déjà perceptibles alors que son rival Jean Ping, 73 ans et ancien homme fort du père d'Ali, revendiquait lui aussi la victoire. Le président sortant devrait sa réélection à son score écrasant dans son fief familial, le Haut-Ogooué, où il aurait obtenu 95,46% pour plus de 99% de participation. Un score contesté par l'opposition qui a réclamé un recomptage bureau par bureau de vote.

    Un panache rouge et noir dans la nuit

    «Tout le bâtiment de l'Assemblée nationale est en train de prendre feu», avait indiqué un témoin. Selon un partisan de Ping, «des manifestants en colère ont brûlé toutes les voitures autour. Ensuite ils sont entrés à l'intérieur du bâtiment et ont mis le feu». Un panache rouge et noir se dégageait dans la nuit au-dessus du  Léon-Mba, selon des journalistes de l'AFP qui se trouvaient à distance. Selon RFI, des manifestants se sont aussi dirigés vers la Radio-Télévision et ont été accueillis par des grenades lacrymogènes.

    Des émeutes dans la capitale mais aussi à Port-Gentil

    Juste auparavant, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes pour repousser les manifestants qui voulaient s'approcher du siège de la Commission électorale. Armée, forces de police anti-émeutes, gendarmes cagoulés ont bloqué la circulation sur la voie express, l'un des principaux axes de la capitale avec des canons à eau et des blindés légers.

    Mercredi soir, la ville était toujours sous très haute tension : check points, grands axes coupés sur le front de mer, véhicules blindés aux carrefours, commerces fermés depuis mardi midi, grande majorité des habitants cloîtrés chez eux. Des hélicoptères tournaient dans le ciel et des colonnes de fumée s'échappaient de plusieurs quartiers populaires.

    L'ambassade de France a appelé ses ressortissants à éviter tout déplacement jusqu'à nouvel ordre.

    Selon RFI, un centre commercial été vandalisé et« l'immeuble du vice-Premier ministre Paul Biyoghe-Mba a été brûlé». «De nombreux bâtiments publics, des restaurants et des commerces ont brûlé et ont été pillés», selon France 24 et TV5 Monde.

    Des tirs à balles réelles ?

    L'opposition - notamment Jean Ping via Tweeter - fait état de plusieurs morts et blessés graves, ce que le porte-parole d'Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-By-Nze, dément aussitôt, lui aussi sur Tweeter.

    Une vidéo postée sur Twitter par la «mouvance Jean Ping» montre un homme transporté sur une civière.

    Des troubles ont également éclaté à Port-Gentil, la capitale économique où des violences avaient déjà marqué la première élection d'Ali Bongo en 2009.