Logiciel espion : le juteux business des virus... et de leurs antidotes

Apple a colmaté trois failles de l'iOS de l'iPhone pour contrer Pegasus, un virus israélien, dont les créateurs commercialisent aussi l'antivirus !

De notre correspondante à Jérusalem,

Apple a annoncé une mise à jour du système d'exploitation de l'iPhone pour contrecarrer le logiciel de NSO, une start-up israélienne. 
Apple a annoncé une mise à jour du système d'exploitation de l'iPhone pour contrecarrer le logiciel de NSO, une start-up israélienne.  © AFP

Temps de lecture : 3 min

L'affaire a surpris les geeks ! Pour la première fois, Apple a dû diffuser dans l'urgence une mise à jour de l'iOS de ses iPhone. Motif ? Citizen Lab, un laboratoire de l'université de Toronto, avait découvert trois failles de sécurité dans les logiciels de ses smartphones et tablettes que l'on disait résistants même au FBI.

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Tout a commencé avec Ahmed Mansoor, militant des droits de l'homme habitant les Émirats arabes unis. Le 10 août, il reçoit un message qu'il trouve suspect. Il ne l'ouvre pas, mais l'envoie au Canada pour vérification. Résultat : il s'agit d'un logiciel espion, Pegasus, fabriqué par la société israélienne NSO, spécialisée dans les programmes d'espionnage destinés à des gouvernements.

Des ventes sous le contrôle du gouvernement

NSO, ce sont les premières lettres des prénoms de Niv Carmi, Shalev Hulio et Omri Lavie qui ont fondé cette société en 2009. Carmi étant parti très vite pour cause de divergences avec ses partenaires, Lavie et Hulio se sont donc retrouvés seuls à la tête de la compagnie. Selon The Marker, le supplément économique du quotidien indépendant Haaretz, en 2014, NSO était rachetée par une firme californienne pour la somme de 130 millions de dollars. Mais les activités de la société, son centre de recherche et sa production sont restés en Israël, à Herzliya Pituach, au nord de Tel-Aviv. Elle emploie, aujourd'hui, environ 200 personnes. Plus du double d'il y a deux ans. « Nous avons tenu à ce que la propriété intellectuelle reste en Israël et à ce que notre centre de recherche et de développement ne soit pas transféré dans la Silicon Valley américaine ou ailleurs qu'ici », avait alors posté sur Facebook Shalev Hulio. Ce dernier est aujourd'hui le PDG de la société, alors que son partenaire Omri Lavie est chargé du développement commercial. D'après les estimations de The Marker, les revenus annuels de NSO tourneraient autour de 100 millions de dollars.

Le ministère de la Défense, à Tel-Aviv, suit tout cela de très près. Les logiciels produits par NSO sont considérés comme des cyberarmes. Et les ventes ne sont réalisées qu'avec l'accord des autorités israéliennes. Théoriquement, ces produits sont destinés à lutter contre le crime organisé et le terrorisme. Mais, bien entendu, rien n'empêche un gouvernement de les utiliser pour la surveillance de ses opposants. Ainsi, à en croire le New York Times du 25 août, les autorités mexicaines, qui ont acheté Pegasus en 2012 pour 15,5 millions de dollars afin de lutter contre le cartel local des drogues, l'auraient utilisé contre Rafael Cabrera, un journaliste auteur de révélations concernant des conflits d'intérêts au sein de la famille dirigeante mexicaine.

Voeu pieux

Toujours selon le quotidien américain, des logiciels NSO ont également été adaptés pour être utilisés en Turquie, au Kenya, mais aussi au Yémen, au Mozambique et aux Émirats arabes unis. Trois pays avec lesquels Israël n'a pas de relations diplomatiques. Or, dans un récent communiqué, Zamir Dahbash, un des porte-parole du groupe israélien, affirme que la compagnie ne vend ses produits « qu'à des agences gouvernementales autorisées et observe scrupuleusement les lois et les régulations israéliennes sur le contrôle des exportations… Les contrats signés avec les clients stipulent une utilisation strictement légale de cette technologie, et seulement dans le cadre d'enquêtes criminelles. »

Dans ces conditions, le contrat que fait signer NSO à ses clients ressemble à un vœu pieux. Qui ira vérifier si telle ou telle agence de renseignements d'une dictature n'utilisera Pegasus que dans la lutte contre les mafias ou le terrorisme ? Inutile de rappeler que, dans certains pays, les opposants sont considérés comme des terroristes par les régimes en place…

Mais les affaires sont les affaires. Les personnes ainsi espionnées ont la possibilité d'acheter la parade. Elle se trouve dans le même bâtiment que NSO à Herzliya Pituach. Kaymera Technologies a été créée en 2013 par deux des fondateurs de NSO. La société développe des solutions pour sécuriser les smartphones. Les ventes sont également plus que respectables. Quinze millions de dollars l'année dernière. Et ce n'est pas fini. À présent qu'Apple a colmaté les failles de sécurité de l'iOS de ses iPhone, NSO va s'atteler à la mise au point d'un nouveau logiciel espion.

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Commentaire (1)

  • jeromesavona

    L'histoire sur les israéliens qui formaient des commandos du Sri Lanka mais aussi des maquisards tamoul, en évitant que les agendas des deux groupes se croisent. Lu dans un livre d'un ex mossad.
    Pécunia non Olet !