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Amérique Latine

Venezuela : marche "historique" d'opposants contre le président Maduro

Manifestation à Caracas, au Vénézuela, le 1er septembre 2016.

Manifestation à Caracas, au Vénézuela, le 1er septembre 2016. - STR - AFP

L'opposition revendique plus d'un million de manifestants dans les rues de Caracas contre le chef d'Etat socialiste.

L'opposition vénézuélienne, assurant que plus d'un million de partisans d'un référendum contre le président socialiste Nicolas Maduro avaient défilé jeudi, maintenait la pression en appelant à de nouvelles manifestations.

"Nous avons montré au monde l'importance du Venezuela qui veut un changement. C'est une marche historique. Aujourd'hui débute l'étape définitive de cette lutte", a déclaré Jesus Torrealba, porte-parole des antichavistes, réunis sous la coalition de la Table de l'unité démocratique (MUD, centre droit).
"Entre 950.000 et 1,1 million de personnes" ont manifesté jeudi à Caracas, a-t-il assuré à l'AFP. Il s'agit, selon lui, de "la plus importante mobilisation de ces dernières décennies", malgré des problèmes d'accès à la capitale dénoncés par l'opposition.

"Le Venezuela a faim !"

Vêtus de blanc, agitant des drapeaux jaune, bleu et rouge du Venezuela, et des pancartes où l'on pouvait lire "changement" ou "Référendum, maintenant", une marée d'antichavistes, du nom de l'ex-président Hugo Chavez (au pouvoir de 1999 à 2013), a rempli trois larges avenues de l'est de Caracas.

"Soit on sort défiler, soit on meurt de faim, le gouvernement ne nous fait plus peur", a déclaré à l'AFP Ana Gonzalez, 53 ans, qui avait fait 12 heures de bus pour venir manifester.

"Il va tomber, il va tomber, ce gouvernement va tomber !" et "Le Venezuela a faim !", scandaient les partisans de l'opposition. Des indiens, arborant plumes et peintures traditionnelles, étaient dans le cortège.

Contre-mobilisation dans le centre de Caracas

A la "prise de Caracas" des antichavistes, les soutiens du chef de l'Etat socialiste répondaient par la "prise du Venezuela", une grande contre-mobilisation dans le centre de la capitale, mais qui apparaissait toutefois moins massive.

"Aujourd'hui, nous avons vaincu le coup d'Etat (...) ils ont échoué une nouvelle fois, la victoire est à nous", a affirmé Nicolas Maduro devant une foule habillée de rouge. Il a estimé qu'il y avait "25.000 à 30.000" manifestants dans le camp d'en face.

Les deux rassemblements se sont déroulé sans incident majeur. Quelques affrontements sporadiques et des jets de gaz lacrymogène ont éclaté à la fin du cortège de l'opposition, qui a dénoncé "l'infiltration" de groupes violents. Caracas était quadrillée par la police depuis mercredi soir.

Pas d'incident majeur

Le pari semblait réussi pour l'opposition qui avait fait de cette journée un test. Elle s'est félicitée du caractère pacifique de la marche. Car malgré la volonté de changer de gouvernement de huit Vénézuéliens sur 10, selon l'institut Datanalisis, les antichavistes n'avaient pas réussi à mobiliser lors des précédentes manifestations. Une faible participation expliquée, selon les experts, par les craintes sur la sécurité, dans un des pays les plus violents du monde. En 2014, des manifestations antigouvernementales avaient fait 43 morts.

Le Venezuela fait face à une récession économique liée à l'effondrement des prix du pétrole, pourvoyeur de 96% des devises du pays. Faute de dollars pour importer, la pénurie d'aliments et de médicaments atteint un niveau dramatique : 80% sont manquants, selon Datanalisis.

S'y ajoute une crise politique et institutionnelle depuis la victoire de l'opposition aux législatives fin 2015. Depuis des mois, les antichavistes réclament la tenue d'un référendum révocatoire en 2016, et l'objectif de cette marche est d'accroitre la pression sur le gouvernement pour accélérer le processus.

Les autorités électorales ont en effet dévoilé début août un calendrier qui rend quasiment impossible l'organisation cette année du référendum, évitant ainsi au parti socialiste au pouvoir d'éventuelles élections anticipées. 

V.R. avec AFP