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En Italie, une campagne pour la procréation exaspère la jeunesse précarisée

Un « Fertility Day » aura lieu le 22 septembre, le ministère de la santé italien souhaitant sensibiliser les jeunes à la nécessité de faire des bébés. Les Italiens n’ont guère apprécié la campagne publicitaire qui accompagne cette annonce.

Publié le 01 septembre 2016 à 19h19, modifié le 02 septembre 2016 à 09h55 Temps de Lecture 2 min.

« Faites des bébés », enjoint le ministère de la santé aux jeunes Italiens. « Ça coûte trop cher », lui répondent-ils.

Comment inciter les gens à faire des bébés dans l’un des pays les plus vieux du monde ? La population italienne a baissé en 2015, pour la première fois depuis 1919. Le nombre de naissances annuel est passé sous les 500 000. L’Italie a l’un des taux de fécondité les plus faibles du monde, avec 1,37 enfant par femme.

Pour encourager les naissances, le ministère de la santé italien a décidé d’organiser un « Fertility Day » le 22 septembre, censé sensibiliser les jeunes à la nécessité de procréer. Cette journée aura pour but de rappeler aux Italiens la « beauté » de la parentalité, les éventuelles maladies qui font baisser la fertilité, mais aussi les solutions médicales pour les couples qui n’arrivent pas à procréer. La journée du 22 septembre n’est qu’une partie du plan national pour la fertilité, qui prévoit également de doubler le montant des allocations à l’arrivée du premier enfant.

Mais la campagne « choc » qui accompagne cette annonce, lancée le mercredi 31 août, est pour le moins inhabituelle. « La beauté n’a pas d’âge, la fertilité, si », peut-on lire par exemple. Mais aussi « la fertilité est un bien commun », ou encore « jeunes parents, voici le meilleur moyen d’être créatifs ».

Slogans détournés

Les internautes se sont empressés de détourner ces slogans, en soulignant notamment les nombreuses raisons qui font reculer l’âge du premier enfant, comme la précarité endémique. Le taux de chômage chez les jeunes en Italie est de 36,7 %, et de 11,3 % pour l’ensemble de la population (contre 23,7 % et 9,9 % en France).

Sur cette affiche, détournée par la plate-forme citoyenne Act !, on peut lire : « Un enfant, c’est à durée indéterminée. Mon travail, lui, ne l’est pas. »

« On te livrerait volontiers un enfant… Mais tu n’as pas de maison. »

Souvenir nauséabond

Certains internautes ont vu dans cette campagne publique un rappel légèrement nauséabond du régime fasciste et de sa politique agressive de natalité, la « bataille des naissances », lancée en 1927.

« Le Fertility Day est une insulte pour tout le monde. Pour ceux qui ne réussissent pas à procréer, et pour ceux qui voudraient, mais n’ont pas de travail. Et le 22, ça ruinera mon anniversaire », a tweeté l’écrivain italien Roberto Saviano, dont on aura au moins appris à quelle date il soufflera ses 37 bougies.

Le président du conseil, Matteo Renzi, a clairement fait sentir que cette affaire le laissait dubitatif. « Je n’ai aucun ami qui ferait un enfant parce qu’il a vu une affiche à ce sujet », a-t-il déclaré, laissant entendre que les meilleurs slogans du monde ne peuvent pas pousser qui que ce soit à prendre une telle décision.

« Si nous voulons créer une société qui mise sur le futur et se remet à faire des enfants, nous devons agir sur les causes structurelles », ajoute-t-il. Comme les internautes avant lui, Matteo Renzi insiste sur les conditions matérielles nécessaires à l’arrivée des enfants. « Les gens font des enfants lorsqu’ils peuvent avoir un travail à durée indéterminée, contracter un prêt, avoir une crèche en bas de chez eux. Voilà la vraie campagne. »

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