François Molins relativise la bonne nouvelle de l'affaiblissement de Daesh en zone irako-syrienne. Selon le procureur de la République de Paris, le groupe islamiste n'en est que plus dangereux.
Dans Le Monde, François Molins ne fait pas dans la dentelle ni dans la langue de bois. Non, les revers vécus par le groupe terroriste islamiste Daesh en Irak ou en Syrie ne sont pas seulement une bonne nouvelle pour les Etats. Pis, cet "affaiblissement en zone irako-syrienne constitue un facteur qui renforce le risque d'attentat."
Le procureur de la République de Paris ajoute, plus inquiétant encore : "quand les organisations terroristes sont en difficulté sur zone, elles recherchent l'occasion de commettre des attaques à l'extérieur. Le deuxième facteur inquiétant tient à ce qu'on pourrait appeler la menace du retour : on sera à un moment ou à un autre confronté au retour d'un grand nombre de combattants français et de leurs familles."
François Molins pose également le doigt sur un facteur relativement nouveau, avec une "accélération des dossiers de jeunes filles mineures, avec des profils très inquiétants, des personnalités très dures. Elles sont parfois à l'origine de projets terroristes qui, sur le plan intellectuel, commencent à être très aboutis."
Alors que nombre de personnalités politiques demandent que les individus "Fichés S" (atteinte à la sûreté de l'Etat) soient placés en rétention, le procureur s'y oppose fermement : "c'est absolument impossible. Il ne peut y avoir de détention préventive en dehors d'une procédure pénale. C'est le socle de l'état de droit. On ne peut pas détenir quelqu'un avant qu'il ait commis une infraction."
On sait néanmoins que le parquet de Paris suit "324 dossiers, 183 enquêtes préliminaires et 141 informations judiciaires." Soit une augmentation plus que notable : en 2013, le parquet avait suivi 26 procédures pour terrorisme islamiste et 136 en 2015.
"982 individus font ou ont fait l'objet d'enquêtes judiciaires pour du terrorisme islamiste : 280 sont aujourd'hui mis en examen, dont 167 sont en détention, et 577 font l'objet d'un mandat de recherche ou d'un mandat d'arrêt", déclare-t-il.
Des déclarations qui ne portent pas à l'optimisme, surtout si on les rapproche de celles récentes de l'ancien juge anti-terroriste Marc Trévidic...
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