À Aubervilliers, la communauté chinoise tentée de se faire justice soi-même

Après l'agression mortelle d'un commerçant, les tensions sont exacerbées, poussant les autorités à réagir. Une manifestation aura lieu à Paris dimanche.

Source AFP

Après l'agression mortelle d'un commerçant à Aubervilliers, certains membres de la communauté chinoise sont tentés de se faire justice eux-mêmes.
Après l'agression mortelle d'un commerçant à Aubervilliers, certains membres de la communauté chinoise sont tentés de se faire justice eux-mêmes. © Hans Lucas

Temps de lecture : 3 min

Choquée par l'agression mortelle d'un de ses membres en banlieue parisienne, la communauté chinoise se mobilise pour exiger la « sécurité pour tous », poussant les autorités à réagir, d'autant que certains sont tentés de se substituer à la justice. « Faut-il se faire justice soi-même ? » : cela fait partie des mots d'ordre qui devraient résonner dimanche à Paris, lors de la manifestation à l'appel du collectif Sécurité pour tous. Ce dernier avait déjà mobilisé plusieurs milliers de personnes en 2010 et 2011 dans le quartier de Belleville pour protester contre les violences et agressions répétées dont la communauté chinoise était la cible.

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La mort en août à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) d'un couturier de 49 ans, Zhang Chaolin, décédé après avoir été agressé par trois jeunes qui en avaient après le sac de son ami, a suscité un sursaut de mobilisation. Les plaintes pour vols avec violence visant la communauté chinoise, bien implantée dans cette commune populaire, première plateforme d'import-export de textile d'Europe, ont triplé en un an, passant de 35 à 105.

Préjugé raciste

Autorités comme habitants estiment que ces agressions sont alimentées par un « préjugé raciste » selon lequel les personnes d'origine chinoise transportent des espèces sur elles. Dans le cas de l'agression de Zhang Chaolin et son ami, les voleurs sont repartis avec un butin dérisoire : « des bonbons, un paquet de cigarettes et des lunettes de soleil », d'après une source proche du dossier.

Tandis que la communauté s'organise – système d'alerte par la messagerie WeChat ou Weibo, le Twitter chinois, escortes pour rentrer chez soi –, les autorités s'efforcent de répondre au sentiment d'insécurité. Lors d'une rencontre avec la famille de Zhang Chaolin et la maire PCF d'Aubervilliers Meriem Derkaoui, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a promis « de renforcer davantage les effectifs de police à Aubervilliers ». Il s'est dit prêt à « cofinancer sur les fonds de l'État l'installation de caméras de vidéoprotection ».

Au commissariat d'Aubervilliers, une stagiaire parlant chinois accompagne depuis plusieurs mois les plaignants. Le parquet de Bobigny confie systématiquement les affaires significatives aux services rodés aux enquêtes. Dans le cas de l'agression de Zhang Chaolin, l'enquête de la sûreté départementale a abouti lundi à l'arrestation des trois suspects, mis en examen et écroués mercredi soir. Pourtant, la communauté maintient la pression et semble douter de la capacité de l'État à la protéger.

Multiples violences

Le 21 août dernier, près de 2 000 Chinois avaient afflué de toute l'Ile-de-France pour défiler à Aubervilliers. Du jamais-vu depuis la mobilisation de 2010-2011, déclenchée par une agression lors d'un banquet de mariage dans le quartier parisien de Belleville et marquée par des échauffourées. À Aubervilliers, des violences ont encore émaillé la fin de la manifestation : un présumé voleur à la tire, pris à partie par une dizaine de manifestants, n'a dû son salut qu'à l'intervention des gendarmes mobiles, qui ont dispersé la foule à coups de gaz lacrymogènes. Les manifestants s'en sont alors pris verbalement aux forces de l'ordre, les accusant de relâcher aussitôt les auteurs d'infractions.

Lundi, la maire d'Aubervilliers a mis en garde contre la « tentation de rendre la justice dans son coin ». « Je n'accepterai pas la moindre division » entre les habitants, a affirmé Meriem Derkaoui. Preuve que les esprits sont chauffés à blanc, sept jeunes Chinois, suspectés d'avoir roué de coups un homme qu'ils soupçonnaient de vouloir s'en prendre à l'un d'eux, seront prochainement jugés à Bobigny. Selon des témoignages, des photos de personnes soupçonnées de commettre des agressions circulent sur les réseaux sociaux intracommunautaires, laissant craindre des représailles.

François Ormillien, l'un des avocats de la communauté, redoute la constitution de « ligues de défense » si les agressions continuent au même rythme. « Il y a des jeunes de 17-19 ans qui sont plus virulents que leurs aînés et veulent en découdre, mais ils sont extrêmement minoritaires », dit-il. Surtout, « les choses sont en train de changer, car la réponse pénale a été beaucoup plus ferme ces derniers mois », ajoute le défenseur, citant le cas d'un lycéen sans casier qui « a pris deux ans ferme pour un vol avec violence » sur un ressortissant chinois.

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Commentaires (32)

  • ph78

    A ma connaissance rien

  • Pseudolulu

    Les "corses" c'est sang chaud... Les chinois c'est sang froid. Le corse, vous sentez que ça va arriver... Le chinois, c'est la disparition sans laisser d'adresse.

  • Iadalbaoth

    Le profil des djihadistes commence toujours par des délits de droit commun.
    N'est-ce pas cette commune où la maire a fait citoyen d'honneur un terroriste palestinien emprisonné en Israël ?
    Mais faute de grive on s'attaque aux merles.