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Le physicien qui révolutionne l'apprentissage des langues

Cofondée par un ancien physicien du CERN, la start-up estonienne Lingvist est notamment financée par l'UE.

Mait Müntel assure que 200 heures suffisent pour apprendre une langue avec le logiciel qu'il a développé.
Mait Müntel assure que 200 heures suffisent pour apprendre une langue avec le logiciel qu'il a développé. (Photo DR)
Publié le 25 août 2016 à 01:00

A force d'« apprendre à des ordinateurs à trouver de nouvelles particules » pour le compte du CERN, l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire installée près de Genève, Mait Müntel s'est dit un jour qu'il pourrait mettre son expérience au service d'un autre type d'enseignement : celui des langues étrangères. L'idée en est venue à cet Estonien au moment d'apprendre le français. Pas convaincu par les logiciels alors disponibles sur le marché, ce physicien de formation a commencé à travailler à son propre prototype. Avec une approche qui, selon lui, est nouvelle en la matière : l'analyse des langues pour déterminer, statistiquement, les mots les plus utilisés en fonction des centres d'intérêt des usagers, et le recours à une méthode d'apprentissage tenant compte des capacités de chacun à mémoriser. « De la sorte, nous pouvons réduire le temps nécessaire pour apprendre une langue », assure le cofondateur et PDG de Lingvist. « C'est possible en 200 heures », assure-t-il. Ce n'est qu'après avoir exposé sa méthode à un compatriote, Jaan Tallinn, l'un des programmeurs à l'origine du logiciel Skype reconverti dans le financement de start-up, que Mait Müntel a compris que son prototype avait de l'avenir. « Jaan était alors en train de préparer sa méthode pour apprendre le japonais. Après avoir comparé nos travaux, il a abandonné son projet pour soutenir le mien », raconte-t-il dans ses locaux, au coeur d'un incubateur de start-up de Tallinn, la capitale estonienne. Depuis, le physicien a quitté le CERN et dirige près de 40 personnes. Parmi elles, dix programmeurs et une quinzaine de linguistes.

Investisseurs de choix

Des investisseurs estoniens et nordiques ont été les premiers à mettre 1 million d'euros dans le projet. Puis Lingvist a reçu une subvention européenne de 2,2 millions dans le cadre du programme Horizon 2020 destiné à rendre des PME plus compétitives. « C'était important parce que, comme pour tout produit techniquement complexe, il faut des fonds importants pour se lancer », commente l'Estonien de trente-neuf ans. D'autres investisseurs emmenés par Rakuten ont rajouté 8 millions de dollars. La start-up a alors pu élargir son offre de langues disponibles (actuellement huit dont le français) en vue d'apprendre l'anglais. « Deux tiers du marché portent sur cette langue », constate-t-il, tout en soulignant qu'il serait bientôt possible d'apprendre l'espagnol, l'allemand et le russe depuis l'anglais. Et la rentabilité dans l'histoire ? « Nous sommes persuadés que les gens seront prêts à payer pour le gain de temps considérable obtenu grâce à notre logiciel. L'idée est de proposer, à partir de l'an prochain, un abonnement mensuel de 10 à 20 euros par mois », précise Mait Müntel. En attendant, le logiciel, accessible sur ordinateur et sur portable, est gratuit.

Correspondant en Europe du Nord

Antoine Jacob

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