Mostra de Venise 2016 : avec “Frantz”, Ozon œuvre au rapprochement franco-allemand

Le réalisateur français donne libre cours à sa germanophilie et à son art du récit dans “Frantz”, en salle mercredi prochain.

Par Jacques Morice

Publié le 04 septembre 2016 à 12h30

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h58

Ce n'est d'abord qu'une ombre, qui sonne à une porte et s'enfuit. L'ombre de lui-même : ce jeune homme (Pierre Niney), Adrien, est un soldat français traumatisé par ce qu'il a vécu au front. Nous sommes dans une petite ville d'Allemagne, au lendemain de la Première Guerre mondiale. Adrien est venu là pour rencontrer la famille de Frantz, un ami à lui, du camp ennemi, qui a péri. Il fait connaissance de ses parents et de sa fiancée, Anna (Paula Beer). Ces derniers, au début méfiants, se prennent d'affection pour cet homme rongé par le tourment. Premier trouble : celui d'être en Allemagne, d'entendre la langue de Goethe, de voir un noir et blanc qui semble infusé de cinéma récent d'outre-Rhin (Heimat, Le Ruban blanc...).

Pas si fréquent, d'être à ce point en empathie avec toute une culture, qui fut si longtemps réduite en France à une caricature (avec des acteurs hurlant forcément l'allemand). On savait François Ozon germanophile (depuis son adaptation de Fassbinder), il le prouve ici en accomplissant un geste qu'on est presque tenté de qualifier d'historique. Puisqu'il illustre comme rarement le fameux rapprochement « franco-allemand ».

Remake lointain d'un film de Lubistch (lui-même basé sur une pièce de Maurice Rostand), Frantz est le premier film français présenté en compétition (le suivant sera Une vie de Stéphane Brizé). Divisé en deux parties distinctes, la seconde se déroulant à Paris, il a ceci de riche qu'il réserve au moins deux retournements de situations décisifs tout en multipliant motifs et thèmes. D'abord autour de la responsabilité des pères, de la culpabilité, du mystère entourant la personnalité d'Adrien, qu'on perd un moment de vue. Ensuite et surtout, autour du tumulte sentimental vécu par Anna, contre toute attente le personnage central du film. Se dessine en filigrane de belles choses sur la lâcheté, l'amour via une tierce personne, les illusions perdues, le refuge dans la fiction. On revient de toute façon très vite sur ce film. Dès mercredi, jour de sa sortie en France.

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