Piétonnisation des berges à Paris : le préfet «d’accord pour tester 6 mois»

Michel Cadot, préfet de police de Paris, annonce au Parisien qu’il est prêt à une période d’essai de 6 mois de la piétonnisation de la voie Georges Pompidou, sous certaines conditions.
Michel Cadot, préfet de police de Paris, annonce au Parisien qu’il est prêt à une période d’essai de 6 mois de la piétonnisation de la voie Georges Pompidou, sous certaines conditions. LP / Eric Le Mitouard

    Piétonnisation de la rive droite, acte II, scène I… Paris-Plages, exceptionnellement prolongé cette année sur les berges de Seine, a fermé ses portes ce dimanche. Mais la voie express Georges-Pompidou ne rouvrira pas à la circulation pour autant. La mairie de Paris va y organiser un nouvel événement dès la semaine prochaine… Histoire d'occuper l'espace jusqu'au lancement des travaux de piétonnisation.

    Le projet polémique (qui a récemment reçu un avis défavorable de la commission d'enquête publique) sera examiné au prochain Conseil de Paris. A l'approche du débat, Michel Cadot, préfet de police de Paris qui exerce son « contrôle » sur les délibérations municipales, annonce au Parisien qu'il est prêt à une période d'essai de 6 mois sous certaines conditions.

    Après l'avis défavorable de la commission d'enquête publique, avez-vous la possibilité juridique de modifier le projet municipal ?

    MICHEL CADOT. - L'enquête publique ne constitue qu'une étape réglementaire du projet. Il n'aura une réelle existence qu'à compter de son approbation par le prochain Conseil de Paris, prévu fin septembre. C'est après cette délibération que je serai amené à me prononcer.

    Le préfet, Michel Cadot

    (LP/B.H)

    Quelles sont les conditions « nécessaires » à votre validation du dossier ?

    M.C. - Dans le cadre de nos relations de travail avec la Ville de Paris j'ai, dès septembre 2015, fait part de conditions préalables à toute fermeture : la possible réversibilité du projet en cas de difficulté majeure de circulation durant une période de 4 à 6 mois, la suspension des autres projets de voirie pouvant impacter la circulation aux abords des berges (aménagement des zones 30, des places...), le maintien d'un accès permanent pour les services d'intervention et de secours et un suivi rigoureux des impacts de pollution et de circulation. Je note que ces conditions sont, pour l'essentiel, reprises par la commission d'enquête publique.

    Les réticences de cette commission sur l'impact de la piétonnisation des berges ont-elles changé la donne ?

    M.C. - « Après en avoir pris connaissance, Madame Hidalgo a manifesté sa décision de poursuivre son projet. Lors d'une entrevue avec elle, le 29 août dernier, il m'est apparu nécessaire de rappeler la globalité des conditions préalables que nous avions fixées. Notamment pour ce qui concerne l'analyse des flux de circulation (transit, desserte interne…) mais également, les impacts réels en termes de report de circulation sur les autres axes (boulevards Saint-Germain, Sébastopol et périphérique). La Maire de Paris s'est déclarée favorable à ces prescriptions. Elle devrait me confirmer tout ceci par écrit très rapidement. Au regard du rapport remis par la commission d'enquête, je souhaite, en tout cas, que la période de test soit portée à 6 mois.

    D'autres aménagements « techniques » sont-ils envisagés ?

    M.C. - Nous engageons avec la mairie de Paris une réflexion sur tout ce qui pourrait permettre de fluidifier la circulation sur les quais hauts. Cela peut consister par exemple en l'achèvement accéléré de certains travaux en cours empiétant sur la voie publique ou bien en la reprogrammation de certains feux tricolores afin que leur cycle soit davantage compatible avec l'absorption des flux à venir. Je pense notamment au carrefour du Pont Neuf qui, à lui seul, est source de perturbations au quotidien.

    Que se passera-t-il au terme de la période « d'essais » en cas de résultats non concluants ?

    M.C. - Il est trop tôt pour se prononcer sur ce que nous ferons ou non dans 6 mois si la décision est actée… et si le système ne fonctionne pas. Je serai très attentif, sur cette période, à ce que les engagements pris soient effectivement mis en œuvre et nous permettent d'avoir une vision très précise de l'impact de cette mesure sur la vie quotidienne des Parisiens et sur leur sécurité. Je serai particulièrement vigilant sur l'évolution en temps réel des délais d'intervention des services de police et de secours. En tout état de cause, et au regard du contexte, nous ne pourrions envisager de maintenir un dispositif générant des risques nouveaux (NDLR : des embouteillages qui ralentiraient les interventions). Mais il faut également tenir compte des changements de comportement des usagers et ne pas sous-estimer la capacité à adapter le dispositif au quotidien pour réduire les effets négatifs du projet.

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