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Libération
Réfugiés

A Paris, la vie dans les marges

En attendant l’ouverture du camp humanitaire promis pour octobre, les migrants se débrouillent dans une ville qui se ferme à eux.
par Sylvain Mouillard et Cyril Zannettacci, (photos)
publié le 5 septembre 2016 à 19h41

Le projet aura mis plus d'un an à aboutir. En juin 2015, quelques jours après la première évacuation massive d'un camp de migrants à Paris, dans le quartier de la Chapelle, la maire socialiste Anne Hidalgo évoque la création d'une structure dédiée à l'accueil de ces milliers de sans-abri, originaires d'Afghanistan, du Soudan, de Syrie, etc. Fin de non-recevoir du ministère de l'Intérieur, qui continue à tabler sur l'hébergement d'urgence classique. Les mois passent, et la crise reste toujours aussi visible. Le 31 mai, la maire de Paris décide de mettre l'Etat face au fait accompli. Anne Hidalgo annonce l'ouverture pour l'été d'un camp humanitaire dans le nord de la capitale, géré par la municipalité. «Dans dix ans, quinze ans, je veux pouvoir me regarder dans la glace et ne pas me sentir coupable de non-assistance à personne en danger», se justifie-t-elle.

Si le projet a pris un peu de retard, il va bien voir le jour Porte de la Chapelle. La mairie en présentera les contours précis ce mardi, tandis que les premiers bénéficiaires devraient y être hébergés à partir d'octobre. L'Etat, finalement, sera partie prenante du dispositif. L'urgence est là. Avec le printemps et l'amélioration des conditions météorologiques en Méditerranée, le rythme des traversées s'est de nouveau accéléré, en particulier entre la Libye et l'Italie. En France, la crise est particulièrement visible à Calais et Paris. Au moins un millier de personnes vivent dans un dénuement extrême dans les XVIIIe et XIXe arrondissements de la capitale. Pourtant, le visage de la ville s'est transformé afin de leur rendre le quotidien plus difficile. Sur plus d'un kilomètre, l'allée située sous le métro aérien a été grillagée pour empêcher la reformation d'un campement illégal. Certains tronçons sont gardés nuit et jour par des vigiles.

Mais aux abords des stations Jaurès et Stalingrad, c'est toujours la même succession de matelas de fortune, de cartons faisant office d'isolant et, pour les plus chanceux, de tentes de toile. Régulièrement, la police s'en mêle. Ses opérations de «dispersion» au cœur de l'été ont même conduit plusieurs associations à cesser leurs maraudes, afin que les travailleurs sociaux n'apparaissent pas comme leurs supplétifs. Une politique au résultat cruel : des migrants de plus en plus nombreux, mais toujours plus isolés.

Voir le diaporama des photos de Cyril Zannettacci

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