RESISTANCE. L'usage abusif d'antibiotiques, souvent indûment prescrits, contribue à la "résistance microbienne" aux médicaments et "tue à petit feu", ont alerté lundi 5 septembre 2016 des médecins africains réunis à Abidjan pour une rencontre internationale sur l'antibiothérapie. "L'augmentation du nombre de bactéries résistantes aux antibiotiques est un danger (...) et pose un grave problème de santé publique en Afrique subsaharienne", a expliqué la Sénégalaise Amy Fall, directrice médicale Afrique subsaharienne francophone du groupe pharmaceutique français Sanofi.
Pour le Dr. Fall ,"l'usage inapproprié et abusif des antibiotiques obtenu à travers des ventes illicites des "médicaments de la rue" contribue largement au développement de la résistance microbienne. [...] Dans le contexte africain, on utilise à tort et à travers, pour un mal de tête, une grippe, les antibiotiques", s'est indigné de son côté le professeur Ehui Eboi, du service des maladies infectieuses du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Treichville à Abidjan. "Soixante à quatre-vingt pour cent des prescriptions médicales sont constituées d'antibiotique. Chez les malades hospitalisés plus de la moitié des prescriptions sont des antibiotiques", a-t-il déploré, soulignant que ces médicaments "tuent à petit feu sans qu'on le sache". Les médecins africains préconisent une formation des prestataires de soins sur la question.
Abus d'antibiotiques, une inquiétude mondiale
Selon une étude britannique publiée jeudi 19 mai 2016, d'ici 2050, l'usage abusif des antibiotiques pourrait être à l'origine de quelques 10 millions de décès par an dans le monde, soit plus que le cancer aujourd'hui, et coûter jusqu'à 100.000 milliards de dollars à l'économie mondiale. Un précédent rapport publié en 2014 estimait même que la résistance aux antibiotiques deviendrait en 2050 la première cause de mortalité dans le monde. L'efficacité déclinante des antibiotiques inquiète fortement la communauté scientifique. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a averti en novembre que le phénomène représentait "un immense danger pour la santé mondiale" et que, si rien n'était fait, la planète se dirigeait vers une "ère post-antibiotique, dans lequel les infections courantes pourront recommencer à tuer". La résistance aux antibiotiques, également appelée l'antibiorésistance, survient lorsqu'une bactérie évolue et devient résistante aux antibiotiques utilisés pour traiter les infections.