Les salariés de France Info (la radio) dans la tourmente

Visibilité de la station sur le site commun, communication entre les différentes équipes, salaires… Depuis la fusion entre la radio et France Télévisions pour former la nouvelle chaîne Franceinfo, les salariés de Radio france pointent des dysfonctionnements qui confirment leurs craintes.

Par Irène Verlaque

Publié le 07 septembre 2016 à 07h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 02h59

Alors que la plupart des médias s'enthousiasment du lancement de Franceinfo, une partie du personnel de la radio Franceinfo fait grise mine, et publie un communiqué SNJ titré Nos questions exigent une réponse urgente. Principal motif d'inquiétude ? Voir la radio avalée par le média global, et la crédibilité du nom Franceinfo remise en question.

Voilà plus de six mois que les équipes s'activent autour du futur média global, présent à la radio, à la télévision, sur le web, et sur une application dédiée aux smartphones. Que tous ces supports répondent au même nom faisait déjà froncer les sourcils des plus sceptiques, et le lancement du site web a mis en lumière de nombreux dysfonctionnements et confirmé plus d'une crainte.

Une partie de la rédaction de la radio France Info s'est donc réunie le 1er septembre dernier lors d'une assemblée générale pour discuter des différents problèmes qu'elle rencontre au quotidien. Les intervenants échangent dans le calme, mais inquiétude et stress sont palpables. Premier point évoqué : le problème de vérification des informations diffusées, lorsqu'elles ne proviennent pas de l'agence FranceInfo : « Depuis bientôt trente ans, à France Info, la rigueur de l'information est essentielle. La direction a créé l'agence interne au nom de cette rigueur. Or, aujourd’hui, les journalistes constatent que le « live », qui est la une du site, de l’appli, donne des infos non recoupées, parfois en provenance de la concurrence ( RTL, BFM TV). Exemple : la fausse info du Parisien sur un homme opéré à cœur ouvert dans le métro. Elle a même été reprise en home du site, avant d'être démentie. »

“Où sont passés les sons et les vidéos produits à Radio France ?”

Cet exemple tend à prouver que le « cercle de confiance » que la direction cherche à mettre en place n'est pas encore au point. « Le sera-t-il un jour ? Comment ferons-nous lors du prochain attentat ? » s'enquiert une journaliste, qui se demande si la radio pourra se permettre de relayer des informations provenant du site ou de la chaîne de télévision sans les vérifier.

A ce genre de problème éditoriaux, s'ajoute celui d'une mauvaise valorisation des contenus de la radio sur le site : « Quid de notre visibilité sur ce site commun ? La radio a quasiment disparu ! Les rendez-vous d'antenne sont mal exposés, et les reportages n'existent plus. Où sont passés les sons et les vidéos produits à Radio France ? »

Un représentant SNJ ayant échangé dans la matinée avec Erik Kervellec, directeur de la rédaction de la radio, affirme cependant que ce dernier déplore l'utilisation d'informations provenant de la concurrence. La direction aurait également attribué les incohérences du site Franceinfo à des problèmes techniques, qu'elle entend régler au plus vite. Sans pour autant donner de date.

Droit à l'image des journalistes radio 

Certaines confusions auront néanmoins du mal à être clarifiées. En quelques jours, à plusieurs reprises des interlocuteurs ont refusé un entretien à la radio, au prétexte qu'ils l'avaient déjà accordé à la télévision.  il est arrivé aussi que trois équipes se retrouvent dépêchées sur le même évènement, faute d'avoir pu communiquer au préalable.

Autre point d'achoppement : le droit à l'image. Qu'adviendra-t-il des journalistes radio qui ne souhaitent pas être filmés ? Tous doivent en effet signer un avenant à leur contrat de travail et pourront être filmés en cas d'édition spéciale, comme ce fut le cas lors de la récente venue de Nicolas Sarkozy dans les studios. La direction a beau avoir mis à leur disposition une trousse de maquillage et une formation éclair aux « gestes qui sauvent » (de la mauvaise mine !), cela ne devrait pas suffire. D'autant plus qu'aucune augmentation du salaire n'a été jusqu'alors évoquée. Un journaliste s'inquiète d'ailleurs des productions supplémentaires pour la télévision. « Peut-on accepter d'officier gratuitement, en sachant que ce travail ne pourra même pas être rémunéré en droit d’auteur puisque effectué gracieusement pour France Télévisions ? »

Beaucoup de questions donc et de sujets de mécontentement que les salariés présents comptent faire entendre rapidement à leur direction d'une manière ou d'une autre. On les avait pourtant prévenus : « Lors du lancement d'une nouvelle chaîne, il faut se serrer la ceinture ». Soit, mais parviendront-ils encore longtemps à respirer ?

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