Les députés veulent imposer un quota de zouk et de chants corses à la radio
Par Marina Alcaraz, Nicolas Madelaine
Le projet de loi relatif à l'égalité et à la citoyenneté, présenté par plusieurs membres du gouvernement et adopté en juillet en première lecture, contient des dispositions relatives aux médias qui, si elles poursuivent une noble cause, ont de quoi donner des cauchemars aux patrons des radios et des chaînes de télé. D'abord, alors que le durcissement des quotas de chanson française sur les radios avait déjà donné lieu à une bataille épique au printemps, l'article 45 stipule que « les oeuvres musicales interprétées dans une langue régionale en usage en France [doivent constituer] au minimum 4 % de cette proportion d'oeuvres musicales d'expression française ». Pour les radios privées, ce quota n'est pas applicable parce que les chansons en corse ou en créole ne sont pas dans leur ligne éditoriale mais aussi, selon elles, parce qu'il n'y a pas assez de morceaux pour se conformer à cette obligation. C'est notamment à Victorin Lurel, élu en Guadeloupe, qu'on doit cet article. Il est soutenu par d'autres représentants de provinces où des langues régionales sont défendues. Ce camp se félicite du vote tout en se disant prêt à « recalibrer ».
Impératifs de diversité
Côté télé, ce projet de loi prévoit aussi de donner davantage de pouvoir au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), en introduisant des impératifs de diversité. En cas de non-respect des obligations, il y aurait potentiellement des sanctions, assure-t-on du côté du secrétariat d'Etat de l'Outre-mer. Surtout, les chaînes vont devoir donner des critères quantitatifs pour évaluer la diversité... ce qui semble relativement compliqué à faire, selon certains observateurs, même s'il est indéniable que les personnes « perçues comme non blanches », comme dit le CSA, sont sous-représentées.
Pour beaucoup d'observateurs, ces mesures, auxquelles il est difficile politiquement de s'opposer, sont avant tout électoralistes, et même leurs promoteurs savent qu'elles n'iront pas au bout. Le texte peut être retoqué début octobre par le Sénat ou, s'il franchit cette étape, ne jamais être appliqué par la prochaine majorité...
Marina Alcaraz et Nicolas Madelaine