Lutte anti-terroriste : le retour en force des perquisitions

A Trappes, les policiers anti-terroristes dénoncent le manque de moyens sur le terrain ©Maxppp - EPA/MAXPPP
A Trappes, les policiers anti-terroristes dénoncent le manque de moyens sur le terrain ©Maxppp - EPA/MAXPPP
A Trappes, les policiers anti-terroristes dénoncent le manque de moyens sur le terrain ©Maxppp - EPA/MAXPPP
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Avec l’état d’urgence prolongé cet été, les réquisitions ont repris massivement, avec des renforts dans les équipes. Sur le terrain, l’effet est encore loin de se faire sentir

Si les perquisitions administratives ont massivement repris (entre 270 et 280 depuis fin Juillet) et que les "ex RG" du Renseignement territorial ont vu l'arrivée de renforts humains, les agents de la lutte anti-terroristes sont toujours à la peine.

Des budgets au rabais

Pour enquêter en amont, par exemple, les agents n'ont parfois aucun budget de fonctionnement et pas ou peu de véhicules de service. Pourtant, depuis le prolongement de l'État d'Urgence fin juillet, après l'attentat de Nice et la modification de la loi pour saisir les ordinateurs et les téléphones lors de perquisitions administratives, ces opérations se sont à nouveau multipliées.

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La nouveauté : une participation bien plus active des agents du Service Central du Renseignement Territorial, soit le retour en force des ex-RG, chargés de détecter les "signaux faibles", d'identifier les lieux possible de rendez-vous des fondamentalistes et des recruteurs de candidat au djihad : restaurants, école, centre sociaux et culturels, mosquée clandestine. Leurs effectifs ont été en partie reconstitués, et pour Dominique Raimbourg (président socialiste de la commission des lois à l'Assemblée Nationale chargé du suivi de l'Etat d'Urgence), ces agents ont gagné en crédibilité.

Des méthodes contre-productives

Pourtant, tout le monde ne partage pas vraiment cet avis : Aicha Akafou, présidente de l'une des associations de Trappes dans les Yvelines se bat pour éviter de nouveaux départs d'adolescents dans sa ville (officiellement entre 60 et 80). Elle dénonce les perquisitions en série au domicile des familles d'enfants partis en Syrie et le peu d'arrestation des fondamentalistes à l'origine de leur départ : " Des mamans ont été perquisitionnées une fois par semaine. Pour quoi faire ? Après on leur prend leur ordinateur pour ne jamais le rendre, et ça recommence à chaque fois qu’elle s’en rachète un ".

Les policiers que nous avons pu rencontrer dans l'une des communes voisines de Trappes ne parlent pas des cibles choisies arrêtées ou non, ou du retour possible de certains djihadistes. On évoque en revanche en creux les moyens déployés pour tisser leur réseau d'informateurs. Il y a les bonnes nouvelles, attendues depuis des années, comme l'arrivée des renforts, il y a une semaine tout juste : trois agents administratifs pour les soulager de certaines procédures, qui s'ajoutent à une petite dizaine d'enquêteurs arrivés ces derniers mois et qui vont se spécialiser à leur tour sur l'islam radical.

Mais Julien Le Cam, délégué départemental du syndicat Alliance, raconte dans quelles conditions un peu surréalistes ils vont pouvoir travailler au quotidien : une voiture pour cinq agents en moyenne et des scooters, pourtant disponibles, auxquels ils n'ont pas droit, sans parler des remboursement de notes de frais mendiés auprès de leur hiérarchie… jusqu'au moindre café offert à leurs informateurs que les agents payent de leur poche.

L'équipe

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