Europe : les Français plus suicidaires que leurs voisins

Ils sont plus exposés que les Allemands, les Espagnols et, surtout, les Italiens. Le risque augmente dans les situations de stress ou d'épuisement.

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Ce sont les Français qui déclarent le plus vivre des situations anxiogènes au travail
Ce sont les Français qui déclarent le plus vivre des situations anxiogènes au travail © CLOSON/ISOPIX/SIPA

Temps de lecture : 3 min

En France, chaque année, environ 80 000 personnes sont hospitalisées à la suite d'une tentative de suicide et entre 10 000 et 11 000 mettent fin à leurs jours. Au sein de l'Europe, notre pays est particulièrement touché par ce fléau. Alors que la 15e Journée mondiale de la prévention du suicide a lieu demain (samedi 10 septembre), la Fondation Jean Jaurès et Michel Debout, en partenariat avec l'Ifop, publient les résultats d'une enquête menée dans 4 pays d'Europe (France, Allemagne, Espagne et Italie). En espérant qu'une meilleure connaissance des origines de ce passage à l'acte permettra de mieux y remédier.

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Un Français sur cinq y a pensé

Selon un travail précédent de la même équipe, 20 % des Français avaient déjà pensé sérieusement au suicide et 5 % avaient même agi, ce qui avait nécessité une hospitalisation. Avec une telle proportion, nos compatriotes devancent les Allemands, les Espagnols et surtout les Italiens : 80 % de ces derniers déclarent n'avoir jamais envisagé le suicide, contre 72 % des Allemands, 70 % des Espagnols et 61 % des Français (cette proportion englobe ceux qui l'ont « vaguement » évoqué). Pour ce qui est des antécédents de tentatives de suicide, avec 5 % de passages à l'acte, nous devançons les Allemands (4 %), les Espagnols et les Italiens (2 %).

Les auteurs ont recherché les facteurs aggravants des pensées suicidaires. Comme le révèlent les statistiques, les femmes font davantage de tentatives et le taux de mortalité est plus élevé chez les hommes. Dans notre pays, 23 % des femmes disent avoir déjà pensé sérieusement au suicide, contre 17 % des hommes (alors qu'il n'y a pas de différence en Italie). Du côté de l'âge, les moins de 35 ans sont les plus représentés, surtout s'ils n'ont pas de diplôme (sauf en Italie où le niveau d'études ne semble pas avoir d'influence). Et le fait d'être au chômage amplifie les idées suicidaires…, sauf en Espagne. C'est, pour les auteurs, « un symptôme de la très forte précarisation du salariat espagnol, dont le temps de travail, les conditions de travail et les salaires se sont fortement dégradés ces dernières années ».

Les chômeurs plus exposés

Si les chômeurs sont plus exposés, les actifs occupés ne sont pas pour autant préservés. Les victimes de harcèlement (moral ou sexuel) sont les plus affectées, avec le taux de pensées suicidaires le plus élevé (42 % en France, 41 % en Allemagne, 47 % en Espagne, contre 31 % en Italie). L'enquête montre aussi le poids des situations de stress ou d'épuisement, surtout dans notre pays où près de 40 % des actifs concernés déclarent avoir déjà eu de réelles pensées suicidaires (près de 15 % de plus qu'en Allemagne). Qui plus est, « ce sont les Français qui déclarent le plus vivre des situations anxiogènes au travail : 37 % pour « seulement » 31 % des Espagnols, 27 % des Italiens et 22 % des Allemands », précisent les auteurs, qui expliquent le petit moral des Français par l'anomie sociale dans notre pays.

Enfin, la religion n'empêche pas les idées noires. En France, les catholiques pratiquants sont 16 %, contre 23 % pour ceux se déclarant sans religion, à avoir pensé sérieusement au suicide. En Allemagne, protestants, catholiques et sans religion se situent dans la même moyenne (respectivement 15, 16 et 18 %). En Italie, la religion n'apparaît pas non plus comme un critère très clivant, même si les catholiques pratiquants sont moins nombreux à faire part de telles pensées (9 % vs 12 % chez les non-pratiquants et 14 % chez les athées). C'est finalement en Espagne que la religion semble le plus intervenir, avec 21 % des athées, contre 12 % des catholiques.

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Commentaires (10)

  • jllelaron

    Bilan plus de suicides et de victimes innocentes !

  • FERT06

    Il est bien loin le temps des chansons de Trenet.
    Croyez vous qu'il fait bon vivre en France Surtout dans les grandes villes ?
    80 pour cent des cadres parisiens
    ne rêvent que de quitter Paris,
    Ceux qui ont vécu à l'étranger savent de quoi je parle.
    Tout est fait pour compliquer la vie des Français. Le niveau de stress dans ce pays est palpable des qu'on débarque de l'aéroport.
    Malgré des atouts incroyables, ce pays n'a pas su évoluer harmonieusement ; trop de personnes profitent égoïstement du système, trop peu de gens travaillent vraiment de façon productive, un fonctionnement politique suranné et inopérant parachève le blocage de la société.

  • guy bernard

    Les français sont moins portés au bonheur que des pays en guerre et ne bénéficiant pas de nos atouts, loin de là !
    peut-être est-ce la manière désespérante dont nous sommes gouvernés depuis... Longtemps !