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Hitler, le plus dangereux junkie de l'Histoire

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Par Henri Gibier

Publié le 9 sept. 2016 à 01:01

Livre Felix Hoffmann, le chimiste employé par les entreprises Bayer qui inventa l'aspirine à la fin du xixe siècle, découvrit, dix jours plus tard, une autre substance, la diacétylmorphine, première drogue de synthèse promise à un douteux succès sous le nom d'héroïne. Norman Ohler, l'auteur de cette formidable enquête sur le rôle joué par les drogues dans l'histoire du national-socialisme, rapporte ce propos des dirigeants de Bayer, qui commercialisent alors la drogue comme remède contre les maux de tête: «L'héroïne est un beau négoce». Les Allemands, on le sait, sont de grands chimistes. Mais ils furent aussi, au début du dernier siècle, les plus gros consommateurs de remontants artificiels en tout genre. L'opium est né en Allemagne au moment même où Goethe écrivait son Faust,«donnant ainsi son expression littéraire à une thèse qui lie drogue et existence humaine, explique le journaliste-historien: j'altère mon cerveau, donc je suis». Sous la République de Weimar, dans les fantasques années 20, les fumeries d'opium prospèrent à Berlin. En 1928, pour la seule capitale, 73 kilos de cocaïne et de morphine s'écoulent par les pharmacies. On estime alors que 40% des médecins sont morphinomanes... Une des icônes de l'époque, l'actrice-danseuse Anita Berber, se sert au petit-déjeuner des pétales de rose blanche trempés dans un cocktail d'éther et de chloroforme.

Le traitement très spécial du «patient A»

En arrivant au pouvoir, le régime nazi se fait fort de tarir cette source de dégénérescence du peuple allemand. Pourtant, c'est lui qui va utiliser à une échelle jamais atteinte une pilule connue sous le nom de «pervitine» pour entretenir le moral des armées et de la population civile, rudement éprouvée par la guerre. Composante de la «drogue du peuple», la méthamphétamine est aujourd'hui strictement contrôlée partout dans le monde. Dans les premières années du IIIe Reich, elle était pourtant en vente libre.

En plongeant dans les archives militaires de Fribourg, Norman Ohler a pu consulter des rapports médicaux entiers sur les effets de la substance sur les troupes, par exemple durant l'invasion de la Pologne. Extrait parmi d'autres: «Tout le monde est frais et joyeux, discipline excellente. On s'encourage, excitation. Pas d'accident. Effets durent longtemps. Voit double et avec couleurs après la 4e pilule.» Le meilleur utilisateur de ces produits miracles n'est autre qu'Hitler. L'ouvrage est pour l'essentiel consacré à la relation de dépendance qui s'est rapidement établie entre le Führer, identifié dans les documents officiels comme le «patient A», et son médecin personnel, le dénommé Theodor Morell. Avec lui, le maître du Reich multiplie les injections au fil des jours, son traitement s'étoffant jusqu'à comporter «plus de 80 préparations et produits à base d'hormones, de stéroïdes et autres médicaments souvent peu orthodoxes». Le gratin de la Wehrmacht a droit lui aussi à se régaler avec une pastille enveloppée dans du papier argenté baptisée «Vitamultin», un cocktail pharmaceutique qu'on absorbe comme des bonbons. «Entre les injections d'hormones et de stéroïdes, puis la cocaïne et surtout l'eucodal dans la seconde moitié de 1944, Hitler n'a quasiment pas connu un seul jour de sobriété depuis l'automne 1941», note Ohler. Une «extase totale» qui éclaire d'un autre jour la crépusculaire fin de l'Allemagne nazie.

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H. G.

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