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Arrêté anti-chicha : à quand un arrêté anti-spaghettis ?

par Tonino Serafini
publié le 9 septembre 2016 à 19h51

La course à l'arrêté municipal le plus démagogique est ouverte. Dans ce concours, quelques élus des Alpes-Maritimes ont pris une longueur d'avance. Parmi eux, Loïc Dombreval, le maire de Vence (Alpes-Maritimes), élu sous les couleurs du Modem, qui a dégainé un arrêté anti-chicha «le 17 juin», rapporte Nice-Matin, qui indique qu'il «ne serait réellement entré en application que ce mois-ci». Avant lui, les élus de trois autres communes du département - Carros, Villeneuve-Loubet, et Antibes - avaient aussi signé des textes pour interdire le narguilé.

Pour motiver son arrêté, Charles Scibetta, l'édile LR de Carros, qualifie la chicha de «fléau sanitaire et social». Soit. Mais alors pourquoi ne pas commencer par interdire l'alcool, un vrai «fléau» qui détruit tant de familles, le tabac, qui fait tant de morts, mais aussi le sucre qui donne le diabète, la viande le cholestérol ou le sel qui est mauvais pour les artères ? Après l'arrêté anti-chicha, à quand un arrêté anti-spaghettis qui tachent les chemises ? Dans ses motivations, Loïc Dombreval donne sans le vouloir la clé de ces drôles de textes signés par les élus de la côte. Rien à voir avec le soleil qui taperait un peu trop fort sur les têtes.

L'élu invoque «des plaintes d'usagers de la voie publique». Autant dire qu'il parle de ses électeurs. On ne voit pas en quoi la chicha empêcherait les gens d'aller et venir dans les rues des villes. En revanche, dans le climat post-attentats qui sévit dans le pays, tout ce qui peut évoquer de près ou de loin la religion musulmane ou la culture maghrébine est stigmatisé par certains citoyens un peu perdus. Au lieu de recadrer et de redonner des repères, ces élus répondent aux demandes les plus saugrenues des habitants de leurs communes pour des motifs strictement électoralistes.

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