Impôts : derniers cadeaux avant la présidentielle

LE FAIT DU JOUR. Le gouvernement a dévoilé vendredi plusieurs cadeaux fiscaux qui seront inclus dans le budget 2017. Grands gagnants : les classes moyennes, les retraités et... les entreprises.

    Le printemps dernier, François Hollande évoquait une baisse de l'impôt sur le revenu de 2 milliards d'euros (MdsEUR). Mais à condition que la croissance soit à 1,7 %. Durant l'été, le gouvernement se montrait plus prudent, en raison de prévisions économiques timides. Aujourd'hui, les perspectives ne sont guère meilleures. Pourtant, l'exécutif a réussi à sortir de son chapeau l'enveloppe initiale suggérée par le chef de l'Etat. A huit mois de l'élection présidentielle, le gouvernement a donc enfin dévoilé ses mesures pour alléger l'impôt sur le revenu. Un milliard d'euros, d'abord, sous la forme d' une réduction forfaitaire de 20 % pour 5 millions de contribuables (qui s'ajoute aux 5 milliards déjà annoncés ces deux dernières années). Et un autre milliard grâce à un crédit d'impôt aménagé sur mesure pour les retraités .

    Des coups de pouce préélectoraux qui ne compensent pas l'envolée fiscale des premières années du quinquennat. Selon l'OFCE, les ménages ont vu depuis 2012 leurs prélèvements augmenter de 35 Mds€... quand ceux des entreprises ont baissé, eux, de 20,6 MdsEUR. Et encore, c'est sans compter le dernier « cadeau » fait aux patrons, qui, quelle que soit la taille de leur société, verront leur impôt sur les bénéfices ramené progressivement de 33,3 % à 28 % d'ici à 2020.

    Tour de passe-passe

    « Le vrai enjeu, c'est comment va-t-on financer tout ça ? Il n'y a pas de croissance, les dépenses publiques continuent d'augmenter. Avec ces annonces, le déficit public va encore se creuser », prédit l'économiste Marc Touati, président du cabinet ACDEFI. Le gouvernement s'en défend et s'engage toujours à ramener le déficit de l'Etat à 2,7 % du PIB (les richesses produites par notre économie en une année) en 2017. Car il a trouvé la parade. En réalité, il n'a que la baisse d'impôt sur le revenu à financer. Le crédit d'impôt sur les emplois à domicile ? Il ne bénéficiera à tous que l'an prochain et « sera appliqué sur les impôts réclamés en septembre 2018 », explique Dominique Lefebvre, vice-président PS de la commission des Finances. « Il n'alourdira donc pas le déficit public en 2017. » Même tour de passe-passe pour l'impôt sur les sociétés, qui sera l'affaire du prochain quinquennat, quelle que soit l'identité du prochain chef de l'Etat.

    La droite, rompue à ce genre d'astuces budgétaires avant une élection présidentielle, voit le coup venir. Et ne manque pas de dénoncer la grosse ficelle. Ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, le député Eric Woerth s'inquiète de l'état des finances publiques, en cas d'alternance : « Les dépenses se multiplient. La gauche est en train de laisser une facture à la prochaine majorité. »

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