MARCHANDISATION - La compagnie italienne Generali lance une assurance permettant aux personnes à la bonne hygiène de vie d'être récompensées. Quid de l'utilisation des données personnelles de santé ?
Se voir offrir par sa mutuelle un séjour au Club Med ou un bon d'achat Fnac parce qu'on fait preuve de bonne volonté pour améliorer son état de santé, c'est maintenant possible en France. La compagnie italienne Generali lance ce mardi la toute première assurance santé dite "comportementale" .
Le principe est simple : vous téléchargez une appli pour indiquer tout ce qui concerne votre hygiène de vie (alimentation, sport, tabac, etc.). En fonction des progrès enregistrés lors de bilans de santé réguliers par questionnaire, vous serez médaillé d'or, d'argent ou de bronze et recevrez les lots correspondants. Les cadeaux vont du bon d'achat chez Sephora à un voyage, en passant par des stages Weight Watchers. Arrêtez la cigarette et vous aurez donc le droit à un cadeau.
Le programme #GeneraliVitality pour les salariés en 3 étapes : se connaître, s'améliorer, profiter pic.twitter.com/kW9zIXRC7x — Generali France (@generalifrance) 6 septembre 2016
Nous avons un rôle essentiel en matière de prévention
Stéphane Dedeyan, directeur général de Generali France
Pour Stéphane Dedeyan, directeur général de Generali France, l'enjeu est de joueur "un rôle essentiel à jouer en matière de prévention. Nous ne devons pas simplement être présents en cas de sinistres. Avec Generali Vitality, nous proposons un programme permettant à nos clients d'être acteurs de leur bien-être", écrit-il dans un communiqué.
Pour ce faire, Generali garantit la confidentialité pour les données personnelles fournies par les salariés. "L'assureur aura accès à des données anonymisées", de même que les employeurs. Dans une interview accordée à La Tribune en juillet, Yanick Philippon, en charge du segment assurances collectives, indiquait en revanche "vouloir exploiter des données anonymisées pour améliorer les offres des clients et trouver les aides les mieux adaptées à des personnes en situation de maladies chroniques".
Faire payer les assurés en fonction de leur mode de vie comme le propose Generali, c'est sacrifier la liberté sur l'autel de la rentabilité.
Jean-Christophe Cambadélis, Premier secrétaire du parti socialiste
Mais le concept est loin de séduire tout le monde. Si pour cette assurance comportementale ne propose pas de baisse des tarifs en fonction de l'état de santé (dit "Pay how you live"), pratiqué par Générali Allemagne mais interdit en France, elle ne s'appuie pas moins sur la collecte de données personnelles de santé. Un sujet sensible. En juillet dernier, la ministre de la Santé Marisol Touraine avait vu d'un très mauvais oeil l'arrivée imminente de "Vitality". "L'open data en santé impose des règles précises et j'ai fait le choix, dans la loi, de ne pas permettre aux assureurs d'accéder sans filtre à ces données parce qu'il n'y a pas là des enjeux d'intérêt public. Accéder aux données de santé doit être fait pour faire progresser la recherche, faire progresser des programmes de soins", avait souligné la ministre.
Insuffisant, pour le patron du PS notamment. Sur Twitter ce lundi, Jean-Christophe Cambadélis a fait part de sa méfiance envers l'entreprise. "Faire payer les assurés en fonction de leur mode de vie comme le propose Generali, c'est sacrifier la liberté sur l'autel de la rentabilité", estime le député. Une attaque à laquelle le patron de l'assureur a vite répondu. La ministre de la Santé n'est pour l'heure pas revenue à la charge.
⚠️ @jccambadelis : #GeneraliVitality ne module pas les tarifs selon le mode de vie ou l'état de #santé & respecte leur #liberté de choix — Stephane Dedeyan (@StephDedeyan) 6 septembre 2016