Marc Simoncini : « Je soutiendrai Emmanuel Macron dès qu'il sera candidat »

INTERVIEW. C'est une des figures de la nouvelle économie : Marc Simoncini, 53 ans, fondateur de Meetic et de Sensee, exprime pour la première fois publiquement son soutien à l'ancien locataire de Bercy.

Paris, hier. « Macron est entrepreneur avant d’être un homme politique. Son parti, c’est comme une start-up », analyse Marc Simoncini, fondateur de Sensee, société de vente en ligne de lunettes.
Paris, hier. « Macron est entrepreneur avant d’être un homme politique. Son parti, c’est comme une start-up », analyse Marc Simoncini, fondateur de Sensee, société de vente en ligne de lunettes. LP/PHILIPPE DE POULPIQUET

    Connu pour son franc-parler, Marc Simoncini est un touche-à-tout de l'économie numérique. Devenu « business angel » pour start-up innovantes, le fondateur de Meetic mise aujourd'hui sur Sensee.com, sa société de vente en ligne de lunettes. Doté d'une vision internationale de l'économie, il a une obsession : le made in France. Et pour 2017, le serial entrepreneur a déjà choisi son candidat.


    Le made in France sera-t-il selon vous l'un des enjeux de la campagne présidentielle ?
    M.S. Oui. Les politiques s'en emparent car ils savent que les Français attendent une relance de l'économie. Cela passe notamment par le made in France : il faut que les produits imaginés chez nous soient aussi fabriqués chez nous.

    C'est le cas de vos montures de lunettes, fabriquées à Oyonnax. Mais le made in France n'est-il pas forcément plus cher ?
    Non. Les réseaux d'opticiens classiques sont deux à trois fois plus chers que nous, et pourtant ils vendent très peu de made in France : ce sont des lunettes faites en Chine et vissées en France. Chez Sensee, entre 50 % et 100 % de la valeur du produit est française. Et même si la main-d'oeuvre française coûte 30 % de plus qu'en Allemagne, nous arrivons à être compétitifs car nous vendons sur Internet. J'ai voulu démontrer qu'inventer et fabriquer des produits en France et les vendre moins cher, c'est possible ! J'aimerais que quelqu'un comme Emmanuel Macron s'engage sur cette idée.

    Vous comptez le soutenir à la prochaine présidentielle ?
    Je le soutiens déjà en tant qu'individu. Je participe à un groupe de travail informel, avec cinq ou six autres entrepreneurs dont Gaël Duval (NDLR : chef d'entreprise et investisseur dans l'économie numérique). Le jour où Emmanuel Macron sera candidat et lorsqu'il aura présenté un projet de développement pour la France, je le soutiendrai au maximum, financièrement et médiatiquement.

    Pourquoi lui ?
    C'est celui qui, de très loin, connaît le mieux l'économie française. C'est donc, pour moi, le meilleur. Par ailleurs, c'est un garçon formidable qui est capable de changer le système car il n'en fait pas partie. Pour une fois, quelqu'un qui n'est pas élu, qui n'a pas besoin de la politique pour vivre et qui a un métier a l'occasion de se présenter pour changer le système.

    N'est-ce pas plutôt Arnaud Montebourg qui a défendu le made in France ?
    (Rires) Montebourg a travaillé en tout et pour tout un an chez Habitat. Donc penser que quelqu'un comme lui puisse comprendre l'économie est un leurre. Pour cela, il faut avoir travaillé dans une entreprise, en avoir lancé une, soupesé les risques, compris comment se passe le dialogue social.

    Mais Macron est banquier, pas chef d'entreprise...
    Il est banquier d'affaires ! Quand une entreprise A veut racheter une entreprise B, il n'y a pas seulement la problématique financière. On doit penser à l'emploi, la fiscalité, à la gestion des syndicats, aux salariés...

    Et à droite, personne n'a le profil ?
    Si quelqu'un à droite me semblait du même niveau, je le soutiendrais.Mais je n'en ai pas vu un seul.

    Diriez-vous, d'ailleurs, de Macron qu'il est de gauche ou de droite ?
    Je ne sais pas et je m'en fiche ! Le sujet n'est pas là. Ce qu'il faut savoir, c'est plutôt si les mesures proposées fonctionnent. C'est exactement comme mon expérience dans l'optique. En France, cela fait trente ans que les consommateurs achètent des lunettes deux à trois fois le prix juste. Personne n'y a jamais rien changé car ceux qui gèrent ce système en vivent. Puis je suis arrivé et j'ai changé la donne, car je n'étais pas de ce monde-là. Aujourd'hui, Emmanuel Macron veut faire la même chose avec le système politique.

    Il n'est donc pas un membre à part entière du « système » ?
    C'est un entrepreneur avant d'être un homme politique. Son parti, c'est comme une start-up.

    Quel bilan faites-vous de son action au gouvernement ?
    Emmanuel Macron a tenté de reconstruire un discours positif vis-à-vis de l'entreprise, mais il était déjà trop tard. La période Ayrault a été un vrai naufrage avec le ras-le-bol fiscal, la défiance des chefs d'entreprise, le départ massif de jeunes créant leur entreprise à l'étranger et inévitablement un chômage et un endettement qui n'ont cessé de croître.