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Quanergy, la nouvelle licorne des voitures autonomes

¤ La start-up californienne développe la technologie LiDAR qui permet de distinguer la forme des objets environnants. ¤ Elle vient de boucler une levée de fonds de 90 millions de dollars.

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Par Anaïs Moutot

Publié le 12 sept. 2016 à 01:01

Dans la Silicon Valley, c'est la dernière entreprise à avoir rejoint le club très fermé des « licornes », ces sociétés privées dont la valorisation dépasse un milliard de dollars. Quanergy Systems, une entreprise qui fabrique des lidars, un système de détection par rayons laser, a levé 90 millions de dollars à la fin du mois d'août, après avoir déjà reçu 60 millions de dollars depuis sa création, en 2012, à Sunnyvale (Californie). Sensata Technologies, l'ancienne division en charge des capteurs de Texas Instruments, ainsi que l'équipementier automobile Delphi Automotive ont pris part au nouveau round, faisant grimper la valorisation de la société à 1,59 milliard de dollars.

Dispositif clef

Avec les radars, les caméras et les ultrasons, l'instrument fait partie des quatre dispositifs nécessaires pour permettre aux véhicules autonomes de « voir » autour d'eux. Utilisé depuis longtemps dans l'industrie aérospatiale et militaire, le lidar est devenu une pièce maîtresse pour les constructeurs automobiles qui travaillent d'arrache-pied à mettre ces nouveaux modèles sur le marché d'ici à la prochaine décennie. « Un lidar utilise la lumière comme un radar les ondes radio », explique Richard Wallace, directeur des systèmes de transport au Center for Automative Research. Le dispositif émet des faisceaux laser qui rebondissent sur des obstacles puis repartent vers le capteur : la différence entre la lumière projetée et celle renvoyée permet de reconstituer précisément les détails des objets. « Cela permet de distinguer un enfant d'un sac plastique », résume Serge Passolunghi, le directeur du laboratoire d'innovation de Renault dans la Silicon Valley. Ce système compense les faiblesses des radars, qui permettent de calculer la distance mais pas d'indiquer la forme des objets, et des caméras, qui, comme tous les systèmes optiques, ont les mêmes défauts que l'oeil : elles voient mal s'il fait trop sombre ou trop lumineux, s'il pleut ou s'il neige. Elles sont cependant le seul dispositif à détecter les couleurs, et donc à pouvoir lire correctement les feux ou les panneaux de signalisation.

Des lidars à 250 dollars

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Jusqu'ici, le plus grand fournisseur de lidars était Velodyne, une entreprise californienne qui avait remporté un grand succès lors du concours de voitures autonomes organisé par la Darpa, l'agence du ministère de la Défense chargée de la recherche, au milieu des années 2000, dans le désert de Mojave. Son appareil avait été choisi par Google pour coiffer le toit de ses voitures, avant que la société de Mountain View ne décide de développer sa propre technologie. Elle est depuis utilisée par plusieurs constructeurs, comme Ford, qui dispose d'un laboratoire de recherche à quelques kilomètres du siège de la société. Le problème est que sa technologie mécanique, avec des lasers effectuant des dizaines de rotations par seconde, est peu esthétique, pose des problèmes d'aérodynamisme et coûte surtout très cher : son prix a longtemps avoisiné les 80.000 dollars, avant que la société ne mette récemment au point un modèle dix fois moins cher. Quanergy a, elle, réussi à créer des lidars à 250 dollars en remplaçant le processus mécanique par de l'électronique. « La couverture est moins large, autour de 120°, mais vu que le prix est bas, il suffit de multiplier les lidars sur la voiture, au niveau des rétroviseurs, de la grille d'aération, etc. », explique Richard Wallace.

Six ans de durée de vie

L'avantage est surtout la durée de vie de l'objet, « de 100.000 heures contre 1.000 pour un lidar mécanique », assure Louay Eldada, le PDG de la société, docteur en optique de la Columbia University. « En considérant qu'un taxi robot sera sur la route en moyenne seize heures par jour, avec notre produit, il peut durer six ans », avance-t-il. Actuellement de la taille d'un cube tenant dans la main, son produit devrait être réduit à celle d'un timbre d'ici à trois ans, quand tous les composants pourront tenir sur une seule puce - le prix sera alors de 100 dollars. La technologie est actuellement testée par « les 17 plus grands constructeurs », dont Renault-Nissan, Daimler, Hyundai et Kia. La production de masse démarrera début 2017, et le premier véhicule équipé devrait être sur le marché en 2018. En attendant, l'entreprise doit faire face à une concurrence de plus en plus rude dans ce domaine, avec une division du californien Advanced Scientific Concepts (ASC) créant également des lidars sans parties mobiles, laquelle vient d'être rachetée par l'équipementier allemand Continental. Le français Valeo s'est, lui, associé au canadien LeddarTech, tandis que l'israélien Innoviz vient de lever 9 millions de dollars en août.

Correspondante à San Francisco Anaïs Moutot

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