Nucléaire et leucémie : le lien reste à prouver
L’Agence fédérale du contrôle nucléaire recommente une étude qui a resurgi.
- Publié le 12-09-2016 à 06h52
- Mis à jour le 12-09-2016 à 20h22
L’Agence fédérale du contrôle nucléaire recommente une étude qui a resurgi.
Dans la série gros titres à sensation en voilà un qui a frappé fort lundi : "Jusqu’à trois fois plus de cas de leucémie chez les enfants résidant près de Mol-Dessel", dans un périmètre de 15 km. Cette nouvelle - qui n’en est pas une en l’occurrence - mérite quelques nuances et explications.
Avant tout, il ne s’agit effectivement pas d’une révélation. Si l’article du "European Journal of Cancer Prevention" date de mai dernier, il ne fait en réalité que reprendre un rapport de l’Institut scientifique de santé publique (ISP) rendu public en… 2012. Pour rappel, réalisée en collaboration étroite avec le Registre du cancer belge (BCR) et l’Agence fédérale du contrôle nucléaire (AFCN), cette étude épidémiologique menée à l’échelle nationale avait été demandée à l’époque par la ministre de la Santé publique Laurette Onkelinx suite à l’incident radiologique de Fleurus, le 23 août 2008, alors qu’un rejet d’iode radioactif avait été constaté dans les environs de l’Institut national des radioéléments (IRE).
Des conclusions déjà connues
L’étude visait à évaluer les risques potentiels pour la santé des personnes vivant à proximité (dans un rayon circulaire de 20 km) des sites nucléaires en Belgique (Doel, Tihange, Fleurus, Mol-Dessel), et en France (Chooz, près de la frontière). Cela, plus particulièrement en ce qui concerne la leucémie aiguë chez les enfants de 0 à 14 ans et le cancer de la thyroïde chez les personnes de tous âges.
Le 26 avril 2012, nous écrivions dans nos colonnes : "si les résultats n’ont pas montré d’augmentation de l’incidence de la leucémie infantile aiguë autour des centrales nucléaires de Doel et Tihange et alors qu’aucun cas de leucémie n’a été signalé dans le rayon de la centrale de Chooz, à proximité du site de Mol-Dessel, en revanche, l’incidence observée de leucémie infantile aiguë s’est avérée plus élevée que la moyenne nationale."
Une nouvelle étude en cours
Mais, citant les auteurs, nous précisions aussi que cette observation est basée sur un très faible nombre de cas (moins de dix), ce qui a un impact évidemment significatif sur les calculs tout en n’étant statistiquement pas représentatif. "Des augmentations locales similaires du nombre de cas de cancers chez les enfants ont également été constatées dans d’autres régions de Belgique où aucune installation nucléaire n’est implantée", fait remarquer l’AFCN. Ensuite, d’autres facteurs peuvent aussi être en cause et expliquer cette prévalence.
"L’étude à vocation descriptive n’avait pas pour but de mettre en évidence un lien de cause à effet", nous a précisé, lundi, Sébastien Daems, porte-parole de l’ISP, confirmant que, suite à l’étude menée sur la période 2002-2008, une étude similaire couvrant la période 2008-2012 est en cours, dont on attend toujours avec impatience les résultats. De quoi ravir Ecolo-Groen qui réclamait, lundi, une étude complémentaire du sol suite à cette "nouvelle" étude épidémiologique…Laurence Dardenne