Gare d'Austerlitz, la renaissance d'un quartier
A l'abandon depuis des décennies, la gare de la rive gauche se rénove. Un chantier d'envergure, d'autant que se bâtit autour d'elle un vrai quartier d'affaires.
Par Laurence Albert
Elle fut longtemps le parent pauvre des gares parisiennes : la plus vieillotte, privée de TGV, à l'écart des grands flux. « Austerlitz ? Une belle endormie, qu'il fallait réveiller ! » s'amuse Christian Brezet, le directeur de site. Ce sera bientôt chose faite : Austerlitz fait enfin sa mue au prix de dix ans de travaux destinés à valoriser son incroyable patrimoine architectural, fluidifier les circulations, augmenter les services et se redimensionner pour accueillir 55 millions de voyageurs, contre 22 aujourd'hui, et qui sait, un jour peut-être, des TGV...
Austerlitz la mal-aimée recelait pourtant de nombreuses pépites. Comme ce parking abandonné de 10.000 m2 sous sa halle, à quelques mètres des voies. Ou ces verrières monumentales dont la rénovation - en cours - laisse entrevoir leur beauté. Côté cour, le chapelet de bâtiments vieillots n'a pas manqué d'intéresser les promoteurs : un bâtiment neuf viendra les remplacer. D'ici à 2021, seront créés 20.000 m2 de commerces, une résidence étudiante, un hôtel, des bureaux, des logements sociaux et un parking de 455 places. Les travaux déjà entrepris pour rénover les façades et la cour côté Seine seront parachevés par un escalier et la poursuite de la couverture des voies. Soit, au total, 85.000 m2 de travaux, pour lesquels il a fallu déplacer 700 salariés, trouver des partenaires (les architectes Jean-Marie Duthilleul et Jean Nouvel, Altarea Cogedim, Vinci Park...) et monter un plan de financement solide. L'ensemble représente un investissement de 800 millions d'euros en plusieurs phases. Une stratégie payante, puisque la SNCF n'en financera qu'un quart. « C'est un gros chantier car les enjeux sont multiples : redonner une identité forte à cette gare, en faire un lieu de destination et l'ouvrir sur la ville », insiste Christian Brezet.
Quartier en devenir
Ce dernier objectif n'est pas simple : coincée entre la Seine et l'hôpital de la Salpêtrière, Austerlitz jouit d'un emplacement moins privilégié que ses rivales. Mais elle jouxte un quartier en devenir, Paris Rive gauche, qui mute à une vitesse folle sous la houlette de la Semapa, société d'aménagement parisienne. Laquelle a pris le taureau par les cornes, avec l'ambition de faire des abords de la gare la porte d'entrée de Paris Rive gauche. « Cette gare doit être mieux reliée, valorisée. Nous créons un quartier d'affaires », explique François Valour, directeur adjoint à la direction des infrastructures. Côté berges, la transformation des friches bordant la Seine en quartier mixte est presque achevée. Le long des voies ferrées, Vinci Immobilier, Cogedim, Kaufman & Broad, et Redman feront sortir de terre d'ici à fin 2018 80.000 m2 de bureaux qui abriteront notamment les locaux du journal « Le Monde ». Entre ce quartier d'affaires et le futur pôle commercial de la gare, la Semapa crée des liaisons : dès 2019, un pont enjambera la voie ferrée. Le nom du lauréat de l'appel d'offres sera dévoilé cet automne.
Laurence Albert