Le maire de Saint-Ouen refuse de scolariser les enfants roms

Saint-Ouen, mai 2015.  Les camions-écoles de l’Aset accueillent une quinzaine d’enfants du bidonville rom depuis décembre 2015, mais l’association ne parvient pas à les faire admettre dans le vrai système scolaire.
Saint-Ouen, mai 2015. Les camions-écoles de l’Aset accueillent une quinzaine d’enfants du bidonville rom depuis décembre 2015, mais l’association ne parvient pas à les faire admettre dans le vrai système scolaire. LP/Floriane Louison

    La décision fait bondir les associations de soutien aux membres de la communauté rom. A la rentrée, le maire (UDI) de Saint-Ouen, William Delannoy, a annoncé qu'il ne scolariserait pas les enfants du bidonville de la rue Ardouin.

    « Un militant de la plate-forme AIOS (mis en place à la demande du préfet de la région Ile-de-France pour suivre les campements illicites, NDLR) s'est rendu le 30 août en mairie pour inscrire un enfant du bidonville. On lui a indiqué que le maire avait donné des instructions pour refuser ces enfants », raconte Andrea Caizzi, de l'association pour la scolarisation des enfants tsiganes (Aset).

    Pour justifier sa décision, le maire argue du fait que « ces enfants ne disposent pas d'adresse de domiciliation à Saint-Ouen. Je n'ai donc aucune raison de les scolariser ».

    Un argument fallacieux aux yeux de Rom Europe 93. « Leurs parents n'ont certes pas de papiers de domiciliation, mais on ne peut nier leur présence sur le territoire », défend Marie-Geneviève Guesdon, du collectif Rom Europe 93, qui rappelle : « La scolarisation des enfants est une obligation qui s'impose aux parents comme aux municipalités. »

    Un signalement au Défenseur des Droits

    En début d'année déjà, l'Aset avait tenté de scolariser un premier enfant de la rue Ardouin, en vain. « Nous intervenons sur ce camp avec nos camions écoles depuis décembre 2015, indique Andrea Caizzi. Une quinzaine d'enfants suivent des cours avec nos intervenants avec une assiduité exceptionnelle. En février, nous avons donc essayé d'inscrire l'un d'eux à l'école. Mais nous avons essuyé un refus. » Ce refus d'inscription a fait l'objet d'un signalement au Défenseur des Droits, toujours en cours.

    Le campement de la rue Ardouin, où vivent près de 300 personnes, doit être expulsé le 14 octobre prochain. « Si nous scolarisons les enfants, ce sera un argument de plus pour les associations de s'opposer à cette évacuation », commente William Delannoy, bien décidé à ne pas revenir sur sa décision.